Cette Soupe aux choux est-elle vraiment si appétissante ? A priori, tous les ingrédients sont réunis. Devant la caméra, De Funès et Carmet qui retravaillent ensemble après avoir appartenu à la troupe théâtrale "Les Branquignols" de Robert Dhéry dans les années 50. Sans oublier non plus un Jacques Villeret au début de sa carrière. Et trois acteurs aujourd'hui disparus.

A l'adaptation du roman de René Fallet, en plus de De Funès himself, Jean Halain, fils de André Hunebelle, avec qui il tourna les Fantômas. Impossible d'oublier la cultissime musique de Raymond Lefèvre. La mode était, bien entendu, à la science-fiction. Succès de Star Wars oblige. En France, on a eu droit aux Gendarmes et les Extra-terrestres et à La Soupe aux choux. Coté effets spéciaux, autant évacuer ça tout de suite, ils sont assez cheap. On est dans un De Funès. C'est peu probable que tous les efforts aient été concentrés dessus et Fechner, le producteur, avoue lui-même que pour l'époque ce n'était déjà pas terrible. Qu'importe.

De Funès promène sa vieille carcasse dans le hameau des Gourdiflots en plein cœur du Bourbonnais partageant son temps entre le vin, le jardinage et les concours de pets à la nuit tombée avec son ami Le Bombé. Il ne le sait pas mais il lui reste à peine deux ans à vivre et La Soupe aux choux sera son avant-dernier film et son dernier grand succès. Il clôt ainsi une trilogie avec le producteur Christian Fechner entamée par L'Aile ou la cuisse en 1976 et poursuivie par La Zizanie en 1978.

Reste que sur certaines scènes, l'acteur apparaît bien fatigué et arrive même à nous émouvoir lors des scènes avec la Francine. Mais la vieillesse et les excès du métier de comédien ne l'empêchent pas d'être omniprésent. Dans les bonus du DVD, Christian Fechner n'hésite pas à dire qu'il a co-réalisé le film en plus de largement donner son avis sur le montage. En fait, il semblerait que Girault n'était là que pour le placement des caméras. Il est vrai qu'il fut le yes-man attitré de De Funès tout au long de sa carrière.

Le film semble exalter les plaisirs simples tirés des valeurs d'antan : le pinard, le saucisson, le jardinage, la soupe. Il apparaît hostile au changement puisque les deux paysans, qui ne tolèrent personne à part le facteur, refusent de se moderniser au grand dam du maire qui veut faire construire un parc d'attraction sur leurs terres. Et pour avoir longtemps vécu à la campagne, je peux dire qu'il existe encore pas mal de ce genre de zygotos. Inoffensifs, ne faisant pas de mal à une mouche, heureux de leur sort, à la limite pourquoi les ennuyer après tout ? La Soupe aux choux passe assez souvent l'été. On peut se laisser séduire par ces comédiens attachants à défaut d'être toujours très fins.
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le 11 févr. 2014

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