Synopsis : Madame Beudet rêve joyeusement sur une autre vie. Sa richesse de la vie extravagante de Mme Beudet jusqu'à l'ennui dont elle partage avec son mari, M. Beudet va lui faire ramener un sourire sur son visage. Rompue par l'apparition de son homme dans ses propres rêves, elle n'a l'attention que de le tuer.

Retour en France dans un film particulier par bien des aspects. Premièrement, il s'agit d'un film réalisé par une cinéaste, qui jusqu'alors était encore très rare (bien qu'Alice Guy s'est imposée dans ce milieu quelques années auparavant). On a donc une "feminine touch" derrière la caméra, qui se ressent beaucoup car la réalisatrice est fortement liée à deux mouvements : le féminisme et l'impressionnisme (courant qui s'élargit dans les années 20).

Commençons par le féminisme, omniprésent dans le film ! On décrit deux personnages importants : la femme, Madame Beudet, jeune, sobre, belle, fine, etc. Bref, un cliché stéréotypé de la femme idéale. À ses côtés, un petit homme, gros, moche, loin de l'idylle des jeunes filles de l'époque, vu comme un être autoritaire, vulgaire et violent. Rien que dans la description physique et comportementale, on voit très bien le penchant de la réalisatrice. Ce féminisme est poussé à l'extrême, notamment dans des plongées du regard de la femme et la séquence où Monsieur Beudet décapite une poupée (signe plus qu'évident de la violence de l'homme dans la société).

On nous montre également la femme, esseulée la plupart du temps soit par rêveries, soit pas des cadres vastes où elle est seule à régner (dans un grand bureau, devant la fenêtre), renseignant sur le statut de la femme dans les années 20.

Pour le côté impressionniste au cinéma, Germain Dulac a prôné l'aspect purement visuel, essayant de faire abstraction des cartons et donnant des effets visuels et sonores adéquats au mouvement : flou, jeu de l'iris, fondu enchainé, montage, lumière, etc. Elle imprègne tous les aspects techniques à une volonté de cinéma expérimental se rapprochant de l'impressionnisme.

De plus, elle réutilise avec parcimonie et intelligence les différentes techniques nouvelles, comme la surimpression de chez Sjöström pour désigner le rêve, le fantasme. On est encore dans cette idée de spiritualité mais à un degré moindre dans le cas présent.

Germaine Dulac est donc la première réalisatrice apparaissant dans cette liste et a gagné tout bonnement sa place par son cran et son investissement. Bien que féministe et politiquement chargé de symbole, ce film prouve que le septième art peut véhiculer des messages idéaux importants voire de propagande (comme on le verra par la suite). Jouant sur tous les aspects en sa possession, La Souriante Madame Beudet est un passage obligé pour tout cinéphile se consacrant à la première avant-garde française.

HALLUciné
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le 28 nov. 2017

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