La Taupe, film d'espionnage? Oui, assurément et au sens strict du terme. N'entrez pas dans la salle en vous attendant à un déluge de scènes d'actions sur fond de conflit international, ou plus simplement à un James Bond. Ici, l'espionnage est pur et réaliste. Pour vous dire, il n'y a que cinq coups de feu, à peu près. Le reste du temps, on dialogue, on observe, on subit.
Car, au final, La Taupe est moins une histoire d'hommes qui s'entre-déchirent qu'une histoire d'hommes brisés par la Guerre Froide, qui aspirent à l'absolution. La recherche du fruit pourri, planqué dans les services secrets britanniques, n'est donc qu'un prétexte que pour nous replonger dans un univers, une ambiance froide, dépressive, duquel aucun n'est sorti indemne.
Tomas Alfredson applique une réalisation discrète, prenant tout son temps, du début à la fin. Cette lenteur peut être critiquable mais on ne peut lui enlever le fait qu'elle personnifie finement son personnage principal, Smiley.
Fraîchement viré des services secrets,avec son patron, il est engagé afin de démasquer le pourri au sein même de son agence. Gary Oldman, méconnaissable, et absolument impérial dans le rôle du silencieux agent, dont l'économie de geste et de parole ne fait que renforcer son charisme et la puissance de son interprétation. Il trône sur un film où pourtant un parterre de comédiens qui rivalisent d'excellence (Colin Firth, Mark Strong, Tom Hardy, Tobey Jones, Bennedict Cumberbatch...qui dit mieux?).
Le genre de film qui pourrait étendre le panel de film d'espionnage. Et ce ne serait que jouissif.