Film plus que parfait par excellence, La Taupe flatte l'intellect du cinéphile dans le sens du poil. Avec un scénario exigeant et bien écrit qui ne perdra en cours de route que les millions de cerveaux ramollis par les enquêtes des Experts et autres NCIS, j'ai évidemment tout compris sans effort alors que la moitié de la salle se posait encore des questions.
Pareil pour la forme, lente, soignée, impeccable dans tous les détails. L'interprétation est aussi de haut vol si l'on excepte le traumatisme général des lèvres de Tom Hardy. Seule la musique, tantôt ennuyeuse, tantôt transparente, vient faire de l'ombre au tableau. Mais j'étais prêt à lui pardonner. Ce film était fait pour moi, pour que je continue à me sentir supérieur aux autres en toute impunité.
Le problème c'est que cela se voit trop. Les ficelles sont énormes et pourtant personne ne voit le piège. Je ne doute pas que l'ambiance peut suffire à créer un bon film (le scénario de Drive tient bien sur un papier à cigarette et personne ne semble s'en inquiéter), mais pour la grandeur il va falloir repasser. A trop vouloir plaire, à trop vouloir magnifier son classicisme, le réalisateur finit par oublier que dans tout bon film d'espionnage, il faut qu'il y est un sentiment d'inquiétude ou un intérêt pour les mystères. Or ici, pas d'affolement, on le regarde sans s'y intéresser. Les espions pourraient bosser chez Alstom qu'on ne s'en serait même pas rendu compte. Tous les acteurs auraient très bien pu jouer tous les personnages tant les rôles paraissent interchangeables (Smiley mis à part).
Le bon élève a beau être tiré à quatre épingles et réciter parfaitement sa leçon, on n'a quand même pas envie de trainer avec lui à la récré.