Si mes souvenirs de ce film étaient assez éloignés, il m'avait laissé une bonne impression, notamment esthétique. Et je dois dire que sa réédition en blu-ray, même si je n'ai pu me contenter que d'un fichier re-compressé sur un écran LCD de petite taille (le trio de la honte), est d'une qualité graphique ahurissante.

La Traversée de Paris est ce genre de film classique qui réunit une brochette de grands noms (Louis de Funès, André Bourvil, Jean Gabin) autour d'une histoire simple mais efficace, qui se base avant tout sur les relations entre des personnages pittoresques et stéréotypés de la vieille France (et ici, en période d'occupation). Et ça marche du tonnerre, bien sûr, c'est un réel plaisir de découvrir au travers d'une énième fiction sans larmes ni tarte à la crème cette période tourmentée, comme dans « La Vache et le Prisonnier », « Paris Brûle-t-il ? » ou encore « Un taxi pour Tobrouk ».

Mais là où La Traversée de Paris tire vraiment son épingle du jeu, c'est dans sa direction artistique, et je dirais même plus directement dans sa photographie. En effet, au sommet de l'art du noir et blanc et du cinéma de décor, la direction artistique du film offre une version très stylisée de Paris, encore plus scénarisé que ne pouvait l'être celui de Doisneau, où la lumière est le véritable premier rôle. Les décors, éclairés succinctement par touches vives, empruntent au clair-obscur des peintres autant qu'au style de certains dessinateurs de bande-dessinée. Alors que le cinéma de décor peut mener à une certaine claustrophobie de par l'absence de variété et de profondeur, l'action de nuit nous perd dans un noir infini, une appropriation très astucieuse de la contrainte initiale. Le décor est alors suggéré, fantomatique, et autant dire qu'en haute définition, c'est un régal.

On m'a demandé de nombreuses fois par le passé si le blu-ray apportait réellement quelque chose pour les vieux films. J'avais loué les qualités des rééditions de « 2001 A Space Odyssey » ainsi que d'« Apocalypse Now », mais je n'avais jamais eu l'occasion de remonter aussi loin (1956, quand même). Alors aujourd'hui je l'affirme, oui, cela peut apporter quelque chose. Si le matériau de base, le travail de transfert et le travail de remasterisation sont de grande qualité, alors oui, oui, oui, cela vaut absolument le coup.
Bien sûr, il faut avoir l'œil, il faut aimer le grain de la pellicule. Mais si c'est le cas, oui, on y gagne, et vraiment pas qu'un peu.

Un film à voir et à revoir, et à apprécier en haute définition :D
Yohmi
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le 28 août 2014

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Yohmi

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