La Vie de <INSERT NAME HERE>

Mieux vaut tard que jamais. Cela faisait un sacré bout de temps que je devais voir ce film... 2013? Okay 4 ans... Ah oui quand même... Surtout qu'un film tel que La Vie d'Adèle, tant de fois récompensé au gré des festivals tout autour du globe, bin c'est une curiosité limite obsédante. À fortiori, avec un peu de chauvinisme, quand il s'agit un film français qui fait l'unanimité. Ça n'arrive pas souvent faut bien dire... Bon okay, il y a eu The Artist deux ans auparavant, mais ça reste rare... N'est-ce pas Valérian?

Donc! Rapide pitch: on suit pendant 3h des tranches de vie de la jeune Adèle, du lycée jusqu'à son début de carrière professionnelle, qui découvre sa bissexualité en croisant la vie d'Emma, une espiègle artiste peintre, dans les alentours de Lille.

... en gros c'est un film sur une histoire d'amour avec 2 lesbiennes chtis, c'est ça? Pour la région, ça change des histoires de cousinades ou d'incestes, c'est cool !! :D #albatar

C'est en fait le récit d'une touchante histoire d'amour, ses hauts, ses bas, du début jusqu'à sa fin, et qui ne dure finalement pas que 3 ans (coucou Frédéric Beigbeder), en suivant donc le train de vie d'une jeune femme qui découvre sa sexualité et son auto-questionnement, sur son rapport aux autres, sa place dans le monde. De la lycéenne curieuse mais niant sa nouvelle réalité, jusqu'à l'institutrice un peu honteuse de son attirance pour le beau sexe. Adèle cherche constamment sa place, par rapport à ses amis, à sa famille, au cercle artistique d'Emma, à ses collègues de travail.
Le film se caractérise surtout par ses très belles scènes de sexe, ses longs silences et des tirades génésiques à faire s'évanouir tous les partisans de la Manif pour Tous (coucou Christine Boutin), plus habitués aux homélies traditionnelles. Mention particulière pour la scène au café entre Adèle et Emma, vers la fin. "-Tu ne m'aimes plus? -Non". Une scène de séparation bizarrement foutue, mais que tout le monde a déjà vécu au moins une fois, mélange de rires et de chaudes larmes, avec le spectre si cruel de la tentation terriblement palpable...

Il y a cependant plusieurs détails "génants" dans ce film, mais qui lui donnent une réelle authenticité.
Je ne sais pas ce qui a traversé l'esprit d'Abdellatif Kechiche pendant le tournage, mais j'ai noté qu'il avait 2 obsessions: les gens qui mangent des spaghettis comme des porcs, et Adèle Exarchopoulos qui dort, toujours en gros plan, la bouche entre-ouverte. Détail de la BD (inspirant ce film) ou lubie du réal, j'opte pour la deuxième solution.
Il y a aussi l'impressionnante quantité de morve écoulée lors des (trop) nombreuses fois où notre héroine pleure. Et ouais, on est moche quand on pleure, et ce n'est pas avec une grosse goutte au nez qu'on arrive à reconquérir l'être aimé, sachez-le une bonne fois pour toutes.
Et au sommet du panier, les 2 personnages les plus insupportables: Amélie et Laetitia, 2 "amies" d'Adèle la lycéenne. Entre Amélie la commère qui veut tout le temps tout savoir et plus opiniatre qu'une moule accrochée à son rocher, et Laetitia la connasse au discours homophobe, caractéristique de la peur réactionnaire à l'incompréhension... Je peux vous dire qu'il y a des baffes qui se perdent !!

Ça reste au final du Kechiche pur jus: des histoires de vies, beaucoup de parlotte, de la bectance, et des popotins.
Mais c'est surtout un (trop) long film qui s'étire à la limite de l'ennui, racontant en fin de compte la vie de n'importe quel ado/jeune adulte s'interrogeant sur son avenir, sur l'amour, sur sa sexualité, dans notre quotidien, balancé entre les libertés et la peur insidueuse dictée par nos racines religieuses.

La Vie d'Adèle est un film sympathique, mais grandement surcôté pour je-ne-sais-quelles-raisons.

PS: HS de gamer, mais est-ce que le personnage d'Emma avec sa chevelure bleue a inspiré nos amis parisiens de Don't Nod pour le personnage de Chloe Price dans Life is Strange? ^^