JC Mitchell a voulu faire un film rendant hommage à l'amour, le sexe, et la recherche du plaisir. Et sans censures, c'est un sacré défi à faire pour ne pas tomber dans le simple film pornographique amateur. Défi réussi? À voir...


Dans Shortbus, on suit les histoires de quelques new-yorkais, tous en quête de "quelque chose": le couple gay qui cherche un nouveau partenaire, la thérapiste qui veut découvrir l'orgasme, la maitresse qui souhaite sortir de sa solitude, etc... Tous ces personnages ont un point en commun: le Shortbus, un sexclub underground où tout le monde exprime sa sexualité librement.


Oui, en gros, Sex & the City à côté, c'est un épisode de l'Inspecteur Derrick.
Bienvenue dans l'univers du déglaçage au foutre.


La sexualité est l'élément central de ce film, montrée sous toutes ses formes très (trop?) explicitement: de très nombreuses masturbations aux orgies romaines, en passant par l'auto-fellation, le matage, les plans à trois, le BDSM, les éjaculations, etc... Ce film transpire, dégouline de sexe par tous les pores de sa pellicule.
Et pour ce film, les scènes explicites de sexe sont justifiées (oui c'est à toi que je parle Sushi ;) ) car c'est un peu le fil conducteur de ce film, sauf éventuellement le passage où un mec chante l'hymne américain dans le cul d'un autre (oui oui, vous avez bien lu), scène que je ne m'explique toujours pas, tant cela est wtfesque et n'apporte rien au propos... Peut-être pour montrer qu'en Amérique les gens sont libres de faire ce qu'ils veulent...?


À en juger le Shortbus, lieu haut en couleurs et à la très grande ouverture d'esprit, et le thème du plaisir, on pourrait s'attendre à voir un film plutôt joyeux, proche d'une comédie... Et bin non.
On assiste plutôt à un film dramatique, presque tragique, et c'est malheureusement ce qui gâche le ressenti final. J'ai souvent vu "comédie dramatique" pour caractériser ce film, mais il n'y a rien justifiant le terme comédie. Je suis désolé, mais même la scène "drôle" où Sofia tabasse un mec involontairement à cause de son oeuf vibrant, ça ne justifie pas l'appellation comédie.


Les personnages, assez caricaturaux, sont TOUS dans un profond mal-être, tellement palpable que leur masque de joie derrière lequel ils se cachent ne fonctionne pas un seul instant. Ils font "tâche" au milieu des autres clients du Shortbus.
Des protagonistes assez mal joués surtout, mais qui va de paire avec l'histoire, où concrètement il ne se passe pas grand chose. Seul instant de génie lucide ou hasard total, la scène où Justin Bond (la tenancière du Shortbus) explique à Sofia le sentiment d'élitisme intellectuel à contempler des films "d'auteur" vides, qui est ici -à mon avis- une belle mise en abîme sur ce qu'inspire véritablement ce film.
Autre moment appréciable, la fin, digne d'un clip des Polyphonic Spree, dans une humeur de paix et de sérénité très love power pendant le blackout final, permettant presque d'oublier les 1h30 précédentes de torrent de sexe, et laissant une note d'optimisme.



Malgré une bande son sympathique, très enjouée, Shortbus est un film profondément triste, à peine grimé en comédie. Il montre de manière assez sincère et pourtant tellement ubuesque une réalité de très nombreuses personnes de notre monde, celles qui sont malheureuses et cherchant à s'extirper de leur condition via le plaisir sexuel.
L'auteur de ce film, voulant rendre hommage au prince Onan, et dans son combat contre la censure, a juste oublié une chose essentielle: que dans les plaisirs du sexe, la suggestion est parfois autant voir plus puissante que l'acte en lui-même.



PS: Pourquoi Jennifer Aniston? Parce que c'est le vrai nom de Severin (la dominatrice), nom dont elle a honte de porter. Sacré homonyme pourtant ;)

Arukadohoho
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le 2 sept. 2017

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Kieren Rhys

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