Selon la volonté du Dr Watson, cinquante ans après sa mort, une boîte contenant les affaires de Sherlock Holmes est ouverte. On y trouve également le récit d’une affaire qui n’a pas été rendu publique à ce jour.
On y apprend que ce qu’on connaissait du personnage jusque là, par le biais de son créateur, Arthur Conan Doyle, n’était pas la totale vérité, ce que je trouve intéressant comme idée même en ne connaissant que peu les aventures de Sherlock Holmes (j’ai dû lire seulement quelques enquêtes, une fois où l’on m’avait prêté un des livres).
Une des premières discussions du film voit d’ailleurs Holmes reprocher à son acolyte de trop romancer ses récits, et donner de lui une image fausse.
L’enquêteur se défend d’être le cocaïnomane décrit par le docteur, bien qu’il s’injecte de la coke lors de ses phases d’ennui, quand il n’y a pas d’affaires intéressantes, en venant à regretter que les criminels n’aient pas plus de talent.
Ces dialogues d’exposition entre les deux protagonistes sont amusants, mais le problème toutefois c’est qu’ils manquent de naturel et affichent trop clairement les intentions qu’il y a derrière. Et plus globalement, le film montre trop d’insistance à se faire comprendre, il faut voir par exemple le moment où Holmes remarque une inscription sur la main de sa cliente, et tend un miroir pour la lire, un geste qui n’a aucun sens si ce n’est attirer inutilement l’attention du spectateur, puisque l’inscription, "301" se lit tout aussi bien à l’envers en retournant la main de la personne…
De même, le ton humoristique donne des gags poussifs, trop appuyés (Watson qui trébuche sur une valise, sérieusement, on est où là ?), et des blagues dont la chute est régulièrement prévisible.


Si Watson est un "comic relief", ou plutôt devrais-je dire un bouffon, bedonnant et long à la détente, de sorte à donner plus de valeur aux déductions du véritable héros, Holmes quant à lui est froid et insensible aux problèmes des autres. Ca pourrait avoir son charme, mais le personnage est plutôt antipathique ; il en vient tout de même à réprimander une femme qui pleure la mort de son mari, apprise la veille…
Mais j’ai surtout été dérangé par la difficulté à le cerner, enfin en particulier à comprendre son rapport aux femmes, ce dont on fait toute une histoire dès le départ. Holmes donne des signes contraires tout au long du film, mais ce qui est bizarre surtout c’est les réactions de Watson, qui a de quoi penser au début que son collègue est indifférent aux charmes féminins, puis croit qu’il essaye de séduire leur cliente.
Je veux bien qu’on joue la carte de l’ambigüité, et que Sherlock Holmes ne tienne pas à parler de son passé amoureux même à son fidèle camarade, mais je n’arrive pas à croire qu’il dévoile tout aussi aisément à une femme qu’il vient de rencontrer. Ou alors, sans que je m’en rende compte, on cherchait déjà à montrer que Holmes tombait sous son charme ? Pourquoi, parce que la veille elle s’est jetée à son cou, entièrement nue, en le prenant pour son mari, et qu’il en a profité ?
Pour moi l’histoire d’ "amour", complètement bidon, n’apparaît comme telle qu’à la fin, arrivant comme un cheveu sur la soupe. Il n’y a aucun moment présentant une complicité ou de l’attachement entre les deux personnages, [spoiler] et la seule raison pour laquelle la femme échappe au même sort funeste que ses complices, c’est sûrement son physique.


Le scénario est co-écrit par Billy Wilder, qui m’apparaît maintenant, décidément, comme misogyne. Je pensais encore jusque là que ces horreurs que sont Certains l’aiment chaud et Sept ans de réflexion étaient à mettre à part, des comédies marquées par les mœurs de leur époque, et La vie privée de Sherlock Holmes étant d’un genre différente je pensais ne pas y retrouver le même sexisme, mais si !
Holmes n’y va pas par quatre chemins, il dit dès le début que son problème n’est pas qu’il n’apprécie pas les femmes, c’est qu’il ne leur fait pas confiance. Et Wilder ne montre pas du recul par rapport à ce propos, au contraire son intrigue donne raison à Holmes.
Watson quant à lui est décrit comme un séducteur, il est ravi de parler à des filles même si elles ne comprennent pas l’anglais, tant qu’elles sont jolies.


Et pour ce qui est de l’enquête, elle m’a laissé indifférent, j’étais à peine intrigué.

Fry3000
4
Écrit par

Créée

le 28 févr. 2016

Critique lue 325 fois

Wykydtron IV

Écrit par

Critique lue 325 fois

D'autres avis sur La Vie privée de Sherlock Holmes

La Vie privée de Sherlock Holmes
Aurea
8

Elémentaire, mon cher Watson !

Délicieuse comédie satirique qui rend hommage au grand détective créé par Conan Doyle, servie par des acteurs de talent tels que Robert Stephens ou Colin Blakely, l'irrésistible couple formé par...

le 1 août 2011

66 j'aime

29

La Vie privée de Sherlock Holmes
drélium
6

Cher Loch Ness

La première demi-heure est telle qu'attendue explorant magnifiquement le revers de la médaille du glorieux Holmes. Tout est très bien dialogué, et ça ne faiblira pas par la suite de ce côté là...

le 27 févr. 2012

29 j'aime

15

La Vie privée de Sherlock Holmes
raisin_ver
9

Critique de La Vie privée de Sherlock Holmes par raisin_ver

La vie privée de Sherlock Holmes est un film inclassable, oscillant en permanence entre la farce et le sérieux. On ne peut en effet rester de marbre devant ce film qui d'une certaine façon ridiculise...

le 13 juin 2011

19 j'aime

6

Du même critique

Mr. Robot
Fry3000
4

L'hacker a ses raisons (Saison 1)

Spoilers ahead. Je suis du genre à me méfier des séries qui font le buzz ; ce n'est que lorsque l'enthousiasme des débuts retombe et que les avis sont plus variés qu'on peut se faire une meilleure...

le 23 août 2016

54 j'aime

3

Breaking Bad
Fry3000
4

Le daron de la drogue

En dépit de tout le bien que je lisais ou entendais de toutes parts sur la série, c’est suite à la lecture, il y a presque deux ans, de la fameuse lettre totalement élogieuse d’Anthony Hopkins...

le 18 juil. 2015

54 j'aime

61