L’original de 1977 est un film remarquable par ses images et son efficacité. Il fait partie de ces grands films d’horreur des années 70 qui ont réellement fait progresser le genre vers une nouvelle dimension. Le concept de la famille d'aliénés est intimement lié à Wes Craven. Ce procédé remonte jusqu’à « La dernière Maison sur la gauche », est réutilisé dans « Massacre à la Tronçonneuse » ou encore plus récemment dans les films de Rob Zombie. Un concept particulièrement intéressant, car il nous présente ces monstres comme un groupe soudé, à qui on en vient même à s’attacher par pitié et fascination.
Ici, Alexandre Aja vient inhiber quelque peu ce thème de son remake. On sent beaucoup plus une envie de répondre à la question : à qui la faute ? En témoigne ce lien récurrent avec les essais nucléaires et la responsabilité qui pèse sur la nation américaine. Ce n’est pas une mauvaise idée. Dans un sens cela renforce la pitié que l’on éprouve pour les antagonistes, délaissés par le monde moderne. On est alors tiraillé entre la petite famille qui mérite vengeance, et la pitié pour ces monstres malgré eux.
Dans l’original, ils ne disposaient pas d’une telle considération. C’était une famille de dégénérés, et c’est tout. Mais justement, la différence positive du premier film était qu’il faisait cet antagonisme famille américaine/ famille dégénérée avec brio. L’idée était : quelle famille va gagner ? Ici, on est plus proche d’une petite communauté que d’une famille pour le côté monstre. Aja a rajouté quelques créatures supplémentaires mais qui n’ont finalement pas trop d’impact dans la lutte. On a alors moins le temps de développer les personnages centraux.
On prenait du plaisir dans le premier film à comprendre qui était qui. Qui est Pluto, qui est Jupiter, qui est Mercury ? Qui est le grand frère, le leader, le trouillard, l’idiot… Le genre de questions que l’on pourrait se poser pour une famille plus classique.
Et c’est ce qui manque dans ce film. Trop de temps est utilisé afin de poser le fond « nucléaire » et à vouloir faire monter la tension, offrant moins de temps au vif du sujet. Mauvaise idée d’ailleurs de mettre les images de scientifiques mis en pièces au début du film. On sait déjà à quoi s’attendre alors que le générique d'ouverture n’est même pas terminé. Dans l’original, on ne sait rien du tout avant la mort du grand-père dans sa station. Et on reconstitue. C’est cela qui marchait bien et que l'on retrouve moins ici.
Bref, l’original est plus frontal, plus direct et plus surprenant. Les mauvais et les bons plus attachants.
En termes de casting, cela dit, ça vaut le premier. Les acteurs n’excellent pas mais ça n’est pas grave. Le concept est suffisamment divertissant pour qu’on ne s’attarde pas sur les acteurs.
En termes de mise en scène, l'ensemble est positif. Les images sont marquantes, et font preuve d’indépendance vis-à-vis de l’original. Le style est beaucoup plus nerveux (steady-cam et autres procédés proches de l'action), la dynamique visuelle est plus gore, mais ne manque pas de panache pour autant. On appréciera l'ambiance Western de la seconde partie, avec les musiques héroïques qui viennent renouveler l'ambiance sonore. Cela donne une coloration assez originale à l’action. Le corps à corps y est plus extravagant, mais ce qu’il perd en réalisme, il le gagne en puissance.
En tous les cas c’est un remake honorable, qui ne surpasse pas son aîné.