En 2008, le cinéaste italien Paolo Sorrentino m'avait laissé avec plein d'étoiles dans les yeux avec son "Il Divo", politique-fiction étonnamment rock'n'roll. Son escapade américaine, "This must be the place", m'avait par contre laissé plus que perplexe. Attendu au tournant, son nouvel opus, bien que légèrement supérieur, est malheureusement une nouvelle déception.
Avec sa maestria coutumière, Sorrentino filme la ville de Rome comme un personnage à part entière, palpe son pouls et illustre, tel un Fellini revenu des limbes, la décadence de sa haute société, la vacuité totale de ses oiseaux de nuit pour qui seuls comptent la fête et les apparences, une galerie des horreurs shootée avec style, à laquelle le cinéaste n'oublie pas d'inclure aux premières loges la toute puissante Eglise.
Formellement abouti, "La grande bellezza" ne m'a par contre procuré aucune émotion, comme si, à force d'illustrer du vide, Sorrentino finissait par sombrer dans une sorte de néant, ne racontant finalement pas grand chose au court de ces deux très longues heures, si ce n'est l'éveil tardif d'un mondain à la beauté de la vie, personnage traversant le film tel un fantôme, parfaitement incarné par Toni Servillo.
Ode à la simplicité de notre existence tout autant que radiographie d'une société hideuse par un cinéaste surdoué, "La grande bellezza" reste cependant à la surface des choses et constitue pour moi un beau film froid et dénué de la moindre parcelle d'émotion.