Jepp Gambardela (M. Toni Servillo), richissime critique d’art désabusé, fête ses soixante-cinq ans dans son sublime et immense appartement à Rome, avec vue panoramique sur le Colisée. Il traine son sarcasmes et sa lassitude, face aux artistes bouffis d’orgueil qu’il rencontre et qu’il éreinte pour la plupart. Certains lui rappellent sa carrière avortée d’écrivain qui n’arrive pas à créer un deuxième livre et semble se contenter du succès, certes incontestable, du premier, resté unique pour l’heure. Le sens de l’autodérision ne lui manque pas et son sens de la répartie fait mouche. Un voisin mafieux, une bonne sœur centenaire, une galerie de portraits savoureux de l’intelligentsia culturelle italienne enrichissent les rencontres aussi caustiques que savoureuses de cet homme blasé. Il ne saurait plus profiter de la vie, alors que ses moyens le lui permettent largement.
La conclusion de ce paradoxe est donnée en fin de course : sa panne d’inspiration et l’évanouissement de son épanouissement personnel viennent d’un manque crucial à ses yeux, consistant à ne jamais avoir véritablement trouvé la « grande beauté ».
Cette comédie amère s’avère riche tant en humour qu’en réflexions philosophiques sur les dérives de notre société contemporaines tendant vers l’oisiveté et le superficiel, ce qui n’est pas sans faire écho à La Dolce vita, de Federico Fellini. Ce film m’est assez brillant, son ton et son propos fort justes.