Film très surprenant par rapport au cinéma humaniste d’Almodovar qui propose ici un très bon thriller assez hitchcockien. Aisance avec la caméra, une véritable leçon de cinéma. Une maîtrise du style dont on a l’impression que cela peut bloquer parfois même l’émotion mais l’émotion est là et intense. Et si on commence à parler du film on est alors obligé d’en dévoiler les péripéties donc on est contraint à rester dans les généralités...
Ce film montre qu’Almodovar est un maître du cinéma dont il rassemble ici tous ses thèmes de prédilection: la transgression, le transformisme, le labyrinthe (Cf. deux autres de ses films: le labyrinthe des passions et la loi du désir). On est ici dans un labyrinthe qui n’en finit plus avec ce personnage extraordinaire de la mère qui nous fait penser à des personnages de Rebecca (la gouvernante par exemple) avec ce frère qui réapparait habillé en tigre dont je ne dévoilerai pas plus. Tout cela est fascinant et envoutant pris dans ce tourbillon, mais totalement maîtrisé. Boudé à Cannes malheureusement. Tous les savants fous comme Frankenstein y sont convoqués. Tout est presque radical, chirurgical et glacial. Un véritable roman photo, la mise en scène est brillante (cadres dans les cadres, effets de perspective) et vertigineuse (Cf. ces écrans géants quand il regarde sa prisonnière), un rapport à la peinture, au pictural formidable, un scénario pervers et bien ficelé.