La piel que habito par AnyoO
Voir un bon film, c'est un peu entrer dans la salle avec l'idée que l'on s'en fait, et ressortir totalement déboussolé. Un habile tour de magie cinématographique que nous offre Pedro Almodovar avec son dernier film.
Dès le début, on se retrouve nez à nez avec un univers froid, immaculé, voire stérile, rappelant l'aspect médical, ici chirurgical. Peu à peu, le film se pare de nouvelles couches de "peau", de plus en plus sombres, au fur et à mesure que l'on découvre les flash-back.
La première partie du film soulève de nombreuses interrogations, et l'on se demande plus particulièrement d'où venait Vera avant d'être séquestrée par le chirurgien méticuleux. Et pourquoi cet attachement particulier entre les deux personnages ?
Avec les premiers flash-back, on découvre le passé, les "raisons" du docteur. Mais l'horreur survient lorsque les destins des deux protagonistes se croisent pour la première fois. On assiste alors à une transformation des plus atroces qui puissent être. A partir de là, le film nous ôte tous nos repères, nous sommes prisonniers, spectateurs d'une abomination, enchaînant les retournements de situation. Mais dans ce laboratoire de Frankenstein futuriste, la création est belle, parfaite, achevée. Il semble même qu'elle parvienne à combler l'inexistence et l'inhumanité du chirurgien.
Mais si le personnage de Robert Ledgard trouve en quelque sorte la paix, celui de Vera est condamné à vivre dans la peau des souvenirs les plus durs qui soient...
La peau, le corps qui nous enveloppent font-ils de nous qui nous sommes ?
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