On a l’impression que pour Greta Gerwig, le plus important avant de faire son film était de cocher toutes les cases de la "comédie douce-amère indé cool pour Oscars et Golden Globes avec de jolies chansons dedans et des personnages un peu à la marge mais en réalité hyper-attachants". De fait, toutes les cases sont bien cochées, méthodiquement, scrupuleusement, avec la volonté tenace de ne pas en oublier une seule : celle de la comédie douce-amère, celle de la patine indé cool, celle des deux Golden Globes remportés et des cinq nominations aux Oscars, de la b.o. inoffensive et sucrée et de son lot de protagonistes gentiment foufous avec des acteurs que l’on voit trop rarement (en particulier Laurie Metcalf, géniale en maman agaçante et touchante à la fois).


Lady bird raconte l’envie d’émancipation d’une adolescente, Christine (qui veut qu’on l’appelle Lady bird et qui serait comme un double autofictionnel de Gerwig), rêvant d’aller étudier à New York (pour s’y abreuver de nouveautés et s’y noyer de culture), mais coincée à Sacramento entre une famille pas très riche, un quotidien au lycée pas très excitant et quelques relations amoureuses pas très concluantes. C’est pourtant celle avec sa mère qui, dès la scène d’ouverture, va se révéler être le vrai point névralgique du film, Christine et Marion entretenant une relation mère/fille des plus mouvementées à la Xavier Dolan : conflits, engueulades, petites attentions et amour profond qui ne parvient jamais à être dit (et encore moins à être vécu).


Gerwig emballe tout ça sous les oripeaux du teen movie mignon tout plein (voir plus haut) et du portrait en léger décalage. Le récit et ses enjeux restent extrêmement balisés et sans surprise, avec tout l’attirail qui va avec : jeunes misfits qui s’ennuient dans une ville ennuyeuse et une vie à l’avenir… ennuyeux. Poli et inconséquent, transformé en objet hype au succès critique disproportionné, Lady bird ne dépasse jamais les limites de l’hyper-conventionnel qu’il semble lui-même s’imposer. Et si les rôles sont bien interprétés, ils manquent en revanche de pas mal de relief, chacun dans une espèce d’attribution clé en main et de caractérisation irrévocable (la copine obèse, le gentil papa, le petit copain qui se la joue mystérieux…), achevant de confirmer l’extrême banalité de la chose.


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mymp
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le 5 mars 2018

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mymp

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