Hélène Cattet et Bruno Forzani ont déjà marqué le paysage cinématographique de leur empreinte artistique avec « Amer » et « L’étrange couleur des larmes de ton corps », deux films du genre giallo déconcertants mais extrêmement maîtrisés. Avec « Laissez bronzer les cadavres », le duo de réalisateurs réussit à relever un nouveau défi en proposant un thriller/western pas piqué des vers.
Si l’histoire semble convenue, vue et revue, sa réalisation et son atmosphère presque psychédélique font de leur troisième long-métrage un ovni dont on sort la tête à l’envers, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Il faut dire que le travail technique réalisé sur le film en pré et post-production est conséquent : du montage au son, tout se calque avec une précision d’horloger sur des images très travaillées, oscillant entre mythe et réalité. Les plans larges ou rapprochés en 16 mm sont de toute beauté et certains chapitres illusoires enivrent presque la salle par leur sensualité…
Le crissement du cuir des tenues des gendarmes fraîchement arrivés, les explosions et tirs à foison, le cliquetis des lingots d’or claquent dans nos oreilles entre deux musiques issue de la bande originale du film « La route de Salina » écrit par un certain…. Christophe ! L’immersion est totale, le show assumé et le spectateur happé dans une heure trente d’expérience ciné presqu’inédite.
Véritable expérience sensorielle, le film d’Hélène Cattet et Bruno Forzani s’adresse à un public de cinéphiles avertis et démontre qu’un cinéma de genre osé, assumé et barré peut encore avoir sa place alors qu’on pensait que tout avait déjà été tenté. Ce serait bien mal connaître le duo intrépide de jeunes réalisateurs visionnaires et aventureux, qui, on en est certain, nous réserve encore quelques belles surprises.
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