Détournant le scénario classique du Home Invasion, ce Last Days of Summer est très loin de ce mélange Romance/Thriller auquel je m'attendais et s'avère probablement le film le plus complaisant qu'il m'ait été donné de voir.


Quand je lis que certains comparent cela à "Sur la route de Madison" mais même dans ce dernier il y a toute une ambiguïté qui s'avère complètement absente du film de Reitman. Le personnage de Frank est tellement grotesque qu'il dépasse la caricature. Arrivé à la maison on comprend immédiatement qu'il ne sera une menace pour personne en dehors de l'intelligence du spectateur. Car c'est l'impression que j'ai eu tellement le film manque de subtilité. Ce serait trop long de tout énumérer mais à peu près tout est fait pour faire passer les scènes dans la catégorie du film érotique de RTL9 que ce soit lorsqu'il attache très sensuellement Adèle, qu'il l'a sert contre elle, la regarde, lui parle, qu'il marche (toujours incroyablement lentement) eh puis sans oublier la scène surréaliste de la tarte. On compare ce passage à une pub Herta sauf qu'une publicité c'est court. Là ça dure car le film se prend très au sérieux. C'est censé être la madeleine de Proust du film mais c'est seulement ridicule et pénible à regarder. D'ailleurs aussi excitant que cela puisse être mis en scène, je tiens à faire remarquer qu'il ne suffit pas de piquer un seul côté de la tarte à la fourchette pour éviter qu'elle "n'explose" au four mais il faut bien le faire partout. Car oui, moi aussi je sais cuisiner et faire des tartes. Ce serait d'ailleurs bien ma veine si cette révélation que je vous fais n'arrive pas à émoustiller quelques lectrices en ce moment-même.


Ceci dit je suis loin de cet être parfait qu'est Frank. Frank est le mâle alpha parfait car beau et dangereux mais sans aucun risque qu'il fasse vraiment du mal à Madame, le fantasme ultime donc. C'est donc bien mieux que le minot Tsarnaev incapable de vous atteindre de derrière ses barreaux. En plus Frank est "innocent", cela va de soit. Sa femme c'était quand même une sacrée trainée, hein ? Donc Frank est un parfait cuistot, une parfaite belle gueule mais surtout c'est l'homme à tout faire. Il fait vraiment tout dans le film, même le ménage. Il apprend à Adèle qu'il y a de la moisissure sous le porche et qu'elle se fait entuber sur le prix du bois. Heureusement qu'il est là. Heureusement qu'il y a enfin un homme dans cette baraque. Heureusement qu'il y a quelqu'un pour donner des conseils virils à son fils et pas seulement apprendre à danser pour faire tomber les nanas. Des conseils qui feront que par exemple le fiston Henry sache changer une roue "surtout s'il est accompagné d'une fille". C'est une citation authentique du film. Et le pire c'est que vers la fin on voit effectivement une scène du futur où notre Henry devenu Tobey Maguire (ça lui va bien) change une roue devant l’œil satisfait et le sourire de sotte de sa copine. Quand je vous dis que le film est complaisant ! Moi je n'en revenais pas et pourtant j'avais survécu à la scène de la tarte dans la première partie. Donc voilà, mesdames vous n'avez ni le cerveau, ni la force physique pour utiliser un cric.


Je dois revenir sur la morale de ce film. Cette idéologie omniprésente dans les œuvres américaines qui veut qu'une famille "non modèle" relève forcément du désastre, surtout psychique. Ici on a le personnage d'Adèle (au demeurant bien interprétée par Winslet) qui est une femme divorcée qui élève seule son fils. On la découvre perturbée au quotidien au point qu'elle évite le plus possible d'aller en ville ou qu'elle oublie comment faire une marche arrière avec sa voiture. Très logiquement je me dis qu'elle a vécue un drame immense ou qu'elle est atteinte d'une maladie mais non : Madame ne peut "simplement" plus faire d'enfants. Alors dès qu'elle voit une femme enceinte c'est la panique. Voilà. Parce que c'est tellement important de faire soit-même son enfant eh puis de l'accoucher dans la douleur aussi tant qu'à faire. Suite à cela son mari la quitte ("c'était trop dur à supporter") pour aller fonder une autre famille avec son amante... sa secrétaire... vous voyez le film que c'est maintenant !? Eh donc arrivé à ce niveau de révélation, on comprend que le Frank devient le sauveur providentiel car le film ne nous laisse aucun autre choix. Moi en homme tout ce qu'il y a de plus hétéro, le Frank je voulais le féliciter, l'embaucher et le culbuter à la fois. Pardon : qu'il me culbute. Il y une hiérarchie à respecter.


Tout le film c'est cela. Et ne croyez pas que je critique seulement la vision archaïque de la "famille" car véritablement il ne se passe rien dans ce film. C'est du Mommy Porn tout le long avec entre des passages de philosophie de vie distillée par une adolescente de 11 ans sortie de nulle part. A un moment je pensais que le film allait devenir plus intéressant en se dirigeant vers un conflit fils/amant de la mère mais c'était pour sublimer encore plus qu'il n'était possible le personnage de Frank.


Vers la fin on essaye d'installer une sorte de tension mais ça ne prend pas, tout est surjoué. On a ce flic qui rentre comme dans un moulin (comme les voisins, mais c'est déjà plus classique) jusque parce que c'est utile au scénario. Tout comme c'est utile que Henry décide de devenir un parfait crétin histoire de tout faire capoter. Tout comme tout cela devait finir dans une sorte d'happy end aussi niais qu'il est moche à regarder. Bref, rien qui ne justifie le temps accordé à ce film.


Mais si vous avez aimé Cinquante nuances de Grey alors cela devient indispensable.

Créée

le 15 déc. 2015

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Ashtaka

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