Le jeune réalisateur a sublimé son film, à commencer par sa direction artistique...
Troisième long-métrage à seulement 23 ans pour le (très mature) québécois Xavier Dolan, après nous avoir sidéré avec J'ai tué ma mère (2009) et nous avoir laissé sur notre faim avec Les amours imaginaires (2010), il nous revient avec cette fois-ci, un film fleuve de… 160 minutes (!). Laurence Anyways (2012) narre l’histoire de Laurence, un professeur de littérature qui, venant d’atteindre la trentaine souhaite devenir une femme, un projet qui lui tient particulièrement à cœur et pour cause, cela fait années qu’il en rêve, pour lui, il aurait dû naître femme. Nous sommes à la fin des années 80, le film va suivre durant toute une décennie la lente transformation physique opérée par Laurence, de ses sacrifices en passant par des peines de cœur, de ses désillusions aux rencontres qui le marqueront à jamais. Xavier Dolan dresse des portraits touchants, sincères et tellement criant de vérité que l’on se prend rapidement d’affection pour le tandem incarné par Melvil Poupaud & Suzanne Clément. Dolan est parvenu à insuffler énormément de choses, passant de la colère à la tristesse en un claquement de de doigts. Le jeune réalisateur a sublimé son film, à commencer par sa direction artistique où l’on y retrouve de magnifiques acteurs, de Nathalie Baye en passant par Melvil Poupaud ou l’impressionnante Suzanne Clément (que l’on pouvait déjà retrouver dans le premier film de Dolan), ajoutez à cela une B.O électro collant parfaitement à l’univers du film (très années 80/90), des décors en passant par les costumes (les immondes gros pulls en laine). On aura aussi une pensée aux acteurs (et actrices) formant le groupe des "Five Roses", nous redonnant le sourire à la moindre réplique. Au final il en résulte une histoire d’amour impossible et au combien déchirante, dressant aussi le portrait de la transsexualité (chose relativement rare sur grand écran), magnifiquement interprété et mis en scène, seule regret et pas des moindre, que la durée importante du film se soit fait ressentir à plusieurs reprises. Signalons enfin que le film fut nominé à sept reprises lors du 65ème Festival de Cannes, mais ne remporta qu’un seul trophée (mais amplement mérité), celui du Prix d'interprétation féminine pour Suzanne Clément.
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