Il est étonnant de voir à quel point chaque film de Steven Spielberg contient encore autant d'idées et de savoir-faire. Si sa maturité est certes moins flamboyante qu'un Scorsese, on décèle toujours autant de talent chez ce conteur de films. Avec la complicité de son ami John Williams, qui s'offre lui aussi une seconde jeunesse dans une composition très aérienne et magique, il nous pond un film Burton plus "Burtonesque" que Burton lui-même avec cette bizarrerie et ce regard assumé sur la crédulité devant l'impossible.
Arrivé à son âge, Spielberg ne se soucie plus de plaire ou de remporter des récompenses, il réalise avec son cœur, dans le but de susciter chez nous les émotions les plus vastes. Si Raiders of the lost ark était un "film de papa", un film qu'on fait à 30 ans ans pour effrayer son gamin, The BFG est un "film de papi", un film qu'on fait a 70 ans pour raconter une histoire à l'attention de ses petits-enfants.
Mais ce plaisir, cette délectation devant l'écran ne sont pas illettrés. Spielberg a toujours confiance dans son langage cinématographique et c'est en orfèvre qu'il compose ses scènes où la narration visuelle est stupéfiante, comme la scène d'ouverture quasi silencieuse où l'on découvre l'habileté du BGG sans que soit prononcé un seul mot. Si ce n'était pas Spielberg derrière la caméra, nous aurions eu droit à une voix off redondante qui gâcherait tout le plaisir. Il faut ainsi noter ses petits plans-séquences virtuoses qui passent complètement inaperçus mais sont des merveilles de subtilité, comme une caresse pour l'oeil. La scène de la chasse aux rêves est également extrêmement brillante dans sa composition et reste pour moi la meilleure du film.
Je ne pourrais pas terminer ici cette critique sans souligner, comme je l'avais déjà fait dans la critique de son précédent film, les deux clins d'oeil adressés à l'oeuvre de son défunt ami Kubrick. Spielberg a en effet eu la très bonne idée d'emprunter à la B.O. de Barry Lyndon le Piper's Magot qu'on entend dans la première scène du film ainsi que le "Saper bramante" de Paisiello qui accompagne le petit-déjeuner à Buckingham