Clint the legend
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Richard Jewell est cet agent de sécurité qui - ayant signalé, lors des Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996, un sac à dos suspicieux, abandonné sous un banc du centennial park, lequel sac explosa peu de temps après, provoquant la mort de deux personnes et de plus d'une centaine de blessés - fut assez vite soupçonné et accusé par le FBI d'avoir lui-même fabriqué la bombe et d'être le responsable de l'attentat (qu'il aurait manigancé pour pouvoir, ensuite, jouer les sauveurs, se mettre en valeur). Il fallut 88 jours d'enquête avant qu'il ne soit innocenté et pour cela, il doit une fière chandelle à son avocat... dont il avait, par chance, fait la connaissance quelques années auparavant dans un cabinet de juristes où ils travaillaient tous deux, l'un comme associé et l'autre comme humble préposé aux fournitures.
Cette histoire vraie, Clint Eastwood l'évoque avec une économie, une maestria, un savoir-faire impressionnants. En se centrant sur six personnages principaux, pas plus : l'agent de sécurité, sa mère, son avocat (+ la secrétaire assez privée, qui deviendra sa femme), deux agents du FBI (les "méchants" du film) et une journaliste d'un quotidien d'Atlanta (qui utilise ses charmes pour tirer les vers du nez d'un de ces agents).
Au moins quatre des six comédiens les interprétant ont, en sus de leur talent, un charisme exceptionnel. C'est Paul Walter Hauser qui interprète Richard Jewell et il est parfait dans le rôle ; le film lui doit beaucoup. Sa mère est jouée par Kathy Bates, grande actrice hollywoodienne s'il en est (oscarisée en 1991 pour Misery). Sam Rockwell, lui aussi oscarisé en 2018 (comme meilleur acteur dans un second rôle), personnifie l'avocat avec énormément de caractère. Ces trois-là sont vraiment excellents, parfaitement crédibles, vrais et sans doute hyper bien dirigés par Clint Eastwood. Le quatrième acteur méritant d'être cité est Jon Hamm qui joue l'agent du FBI acharné à faire porter le chapeau de l'attentat à Richard Jewell ; il tient un rôle très antipathique, mais je lui ai trouvé beaucoup de présence. Et le reste de la troupe fait un boulot... professionnel (c'est ça, Hollywood !).
La reconstitution des scènes de foule (scènes de liesse, de panique ou d'hystérie collective autour de la maison des Jewell) est également très réussie. Et celle de la vie américaine en général superbement évoquée et saisie. Pendant les 129 minutes du film, on se sent transporté aux États-Unis et... on s'y sent plutôt bien. Ça a réveillé mon regret de n'être pas parti tenter ma chance là-bas, quand l'occasion s'en est présentée. Mais bah, dans une autre vie peut-être...
Pour en revenir au sujet du film, en tout cas à son thème central que résume mon titre, on peut vraiment être terrifié en pensant que cet homme - dont le seul tort est d'être un peu trop rigoriste, un peu trop à cheval sur le "law and order" (mais qui, objectivement, est un héros américain qui, en remarquant et signalant ce sac à dos suspicieux, a très certainement sauvé des dizaines de vies) - est passé à deux doigts d'être considéré comme le responsable de cet attentat à la bombe. Une accusation dont il ne s'est jamais totalement remis, puisqu'il est mort d'une crise cardiaque à 44 ans.
Et encore une fois, la façon dont Clint Eastwood nous relate cette histoire, est simple, très ramassée mais claire, spectaculaire et passionnante.
Encore un quasi chef d'oeuvre, Clint. Respect, maestro !
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Créée
le 15 mars 2020
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