Le Château dans le ciel
7.9
Le Château dans le ciel

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1986)

Un immense dirigeable flotte dans le ciel, avec à son bord, des passagers (une évocation de l'Hindenburg ?) Sheeta, une fillette est parmi d'eux. Quand brusquement, une horde de pirates attaque le ballon : leur petites machines volantes m'ont fait penser aux zéros, ces avions nippons que les soudards de Papy Boyington combattaient avec courage. Immédiatement, c'est un chaos indescriptible. Chaos dont Sheeta profite pour neutraliser l'homme qui la surveillait et fuir. Tombée de la machine volante, le spectateur la voit déjà se fracassant le crâne au sol quand, mystérieusement, le cristal qu'elle portait au cou se mit à briller. Dès lors sa chute inexorable se ralentit. Et c'est en douceur que la fillette atterrit au fond d'un puits de mine, sis dans une petite bourgade en bord de falaise.

C'est Pazu, un garçon de son âge qui la recueille et lui offre le petit déjeuner. Mais l'accalmie est de courte durée : pirates et militaires (menés par l'homme qui surveillait Sheeta) débarquent et reprennent leur poursuite. C'est à ceux qui la captureront les premiers. C'est visiblement le cristal magique qui les intéresse. Cette pierre magnifique serait en effet la clé d'un trésor perdu, la clé d'une antique cité : Laputa, le château dans le ciel. Une sorte d'Atlantide aux allures de Tour de Babel qui, des siècles auparavant, aurait abrité une civilisation très avancée...

Avec ce château dans le ciel, je retrouve le monde féerique de Miyazaki, sa poésie, ses très belles images. Pas de discours écologistes militants cette fois, mais toujours une critique acerbe de la folie de notre monde, ivre de convoitise et de violence, envieux, cupide et obnubilé par le pouvoir. Miyazaki est un pacifiste qui ne manque jamais de stigmatiser le côté belliqueux et avide de notre espèce. Orienté par le zeppelin des premières images, j'ai vu dans les hordes militaires prenant Laputa d'assaut, les armées nazies envahissant les Sudettes, la Pologne, la Belgique ou encore la France. Il ne manquait à l'odieux Muska que la petite moustache de son homologue pour ressembler entièrement au chef du Troisième Reich.

Une fort belle histoire avec des personnages attachants, sympathiques, truculents (j'adore Dora, la chef des pirates). Un rythme effréné qui contraste avec celui des autres films que j'ai vu de Miyazaki : Chihiro ou Totoro sont beaucoup plus sereins, beaucoup plus lents ; le château ambulant est également très différent, plus abouti, moins tonitruant, moins exubérant. Plus profond, car plus récent dans l'oeuvre du maître.
BibliOrnitho
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le 4 nov. 2014

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