Le Corbeau
6.3
Le Corbeau

Film de Roger Corman (1963)

Sympathique mais mou.


Nicholson, le producteur, pas l'acteur présent dans ce film et avec qui il n'a aucun lien de parenté, a dit un jour que Poe écrivait le début ou la fin d'une histoire et que Corman s'occupait du reste. J'ai pas le souvenir d'avoir vu d'autres adaptations de Poe par Corman mais ce qu'il a dit est sans doute vrai pour ce film-ci : Corman s'est vraiment réapproprié le matériau de base pour en faire son propre film, son propre petit délire, à tel point que le titre "Edgar Allan Poe's The Raven" paraît un peu taquin.


Le détournement de l'histoire n'est pas inintéressant, c'est même assez comique puisqu'on comprend très vite que Corman ne se prend pas au sérieux (c'était d'ailleurs la meilleure façon d'adapter ce récit) malheureusement le développement de son histoire reste un peu faible, ça manque de richesse. Les quelques situations sont bien en soi mais auraient pu être poussées plus loin et être plus nombreuses. Les personnages sont amusants, certaines répliques font bien rire. C'est cocasse !


La mise en scène est un peu molle ; le découpage fonctionne, est typique de ce type de production à cette époque (j'apprécie ces produits) mais il faut bien admettre qu'il n'y a pas grand chose de très audacieux. À part peut-être les effets spéciaux menant à un duel de magie qui rabaisse celle de "The lord of the rings" au rang d'enfant de chœur (hum). Il faut vraiment du temps pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un esprit comique. C'est cheap, c'est fauché, on ne sait pas tout de suite si c'est juste maladroitement filmé ou bien si c'est fait exprès. Et puis tous les gags ne font pas mouche.


Bête exemple : lorsque Price doit se prendre sa longue vue, on n'y croit jamais. En plus son jeu est souvent à côté de la plaque, au point que j'ai vraiment beaucoup de mal à imaginer Corman en train de demander à Price de jouer comme un pied pour faire rigoler l'audience (après tout pourquoi pas?). Lorre joue mieux, il gère beaucoup mieux le sens du timing, sans en faire des caisses (Price a un côté théâtral parfois un peu pompeux) et d'après ce que j'ai pu lire, ses nombreuses improvisations ont perturbé les deux grosses stars du film. Karloff est à l'aise dans son rôle (pourtant il est celui qui a le plus souffert des impro de Lorre). Nicholson est tout jeune, flamboyant, naïf, maladroit, amusant (il a déclaré détester ce film par la suite). Olive Sturgess et Hazel Court font ce qu'il faut aussi, Hazel marque davantage par son délicieux décolleté mais les deux donzelles offrent une prestation à la fois naïve et plaisante (anecdote amusante, elle dit que régulièrement sur le tournage, Jack déclarait qu'il devait rentre chez lui le soir pour écrire... écrire quoi, elle l'ignore et elle se le demande... peut-être ses futurs films ?).


Bref, j'ai apprécié le film mais c'était trop mou.

Fatpooper
6
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le 8 mai 2017

Critique lue 251 fois

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Fatpooper

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