Pour l'amour du kitch

En période de Star Wars - DC - Avengers et autres reboot de Disney, échapper au Kitch au cinéma parait de plus en plus difficile (en tout cas pour les blockbusters). Et ce Crime de l'Orient Express n'échappe pas à la règle. Mais je défie n'importe qui de réaliser un film adapté d'un roman d'Agatha Christie sans faire de kitch, tant son univers, si ancré dans ces années que les moins de 120 ans ne peuvent pas connaître. Kitch, oui. Mauvais pour autant ? Pas si sûr.

Dernière parenthèse avant d'entrer dans le vif du sujet, en très bon exemple d'adaptation (ok, très libre...) de notre chère Agatha, on trouve par exemple la surprenante et délicieuse série de France 2, avec le non moins délicieux Samuel Labarthe (mon idéal masculin) et la déjantée Élodie Frenck où le kitch parvient à être transformé comme un élément entier du récit (à la manière des OSS 117 ou de The Artist)

Ici Kenneth Branagh livre un adaptation fidèle au roman d'origine (en même temps, oser défier Agatha Christie en matière de scénario serait un pari risqué), mais se permettant cependant d'élargir quelque peu la scène (de crime) : le huis clos n'a plus lieu exclusivement dans le train, mais également autour du train. Zone infranchissable où le déraillement à eu lieu, le tout face à un tunnel donnant sur l'extérieur et d'où viennent les secours.

Rien d'extravagant donc sur ce plan là. On reste dans le classique so british. Un terrain de jeu trrrrès confortable pour une flopée d'acteurs de renom.

Il faut voir dans ce film un hommage à un passé dont on ne garde que le kitch. À commencer par la victime, joué par Johnny Depp, qui décidément peine à se détacher du rôle qui lui colle à la peau depuis 2003 (15 ans...) : même dans ce personnage de truand ex-tueur d'enfant, on voit encore planer l'ombre d'un vieux pirate...

Quand au commanditaire du meurtre, une comédienne sur le retour, "qui revient pour une dernière séance", qui de mieux qu'une comédienne sur le retour : Michelle Pfeiffer. Des rides en plus, mais pas un gramme de talent en moins.

Pas grand chose à raconter, l'histoire est bien connue : non pas un coupable dans cette affaire, mais tous. La culpabilité générale du genre humain portée devant le jugement divin de Poirot, qui rend son verdict devant chacun dans une grotte - sorte de salle obscure si vous voyez où je veux en venir - quand lui-même se trouve dans la lumière. Facile et évident, mais on se laisse néanmoins porter doucement par le plaisir de retrouver un temps figé et aristocrate. Merveille du kitch qu'on se surprend parfois à apprécier.

Pas mal et apaisant, malgré un manque d'ambition et quelques effets spéciaux foireux (l'accident du train évoque les films catastrophes de série B). Mais c'est pas grave, on lui passera.