Sans doute l’intrigue la plus célèbre inventée par la maîtresse du suspens Agatha Christie, Le Crime de l’Orient-Express avait déjà été porté à l’écran il y a quarante ans par l’américain Sydney Lumet. Rien de taille à effrayer Kenneth Branagh (vu dans Dunkerque, réalisateur de Hamlet et Beaucoup de bruit pour rien) qui se paye le luxe d’être à la fois réalisateur et acteur principal de son propre film.
Le prologue, très réussi, de son Crime de l’Orient-Express fait d’abord pencher le film sur la pente délicieusement rétro des Petits Meurtres, entre reconstitution kitsch pas cheap et second degré assumé. Malheureusement, le film bascule à mi-parcours dans du spectaculaire un peu vain. En résultent des scènes franchement peu christiennes, comme cette course-poursuite sur un pont ou ce duel au pistolet, tellement improbables que même le réalisateur ne semble pas convaincu et s’empresse de les écourter.
Habitué à transposer du littéraire, et notamment des pièces de théâtre, sur grand écran, Branagh assure en contrepartie une mise en scène maîtrisée, saupoudrée de quelques idées de cadrages assez intéressantes. Bon point notamment pour la vision surplombante des scènes de crime, qui donne au spectateur l’impression de se trouver au milieu d’un Cluedo géant.
Côté casting, que du beau monde, même si les acteurs ne cherchent pas à sortir de leur zone de confort. Johnny Depp fait le cinglé, Judi Dench la vieille pas commode, et Daisy Ridley (à l’affiche du nouveau Star Wars) la frondeuse têtue. Seule Pénélope Cruz étonne un peu en dévote effacée. Reste le personnage central, figure multi-incarnée au point d’en devenir facilement écrasante. Kenneth Branagh fait le pari d’un Hercule Poirot malicieux, plus tendre que dans l’œuvre originale. Et si le choix rend au début un peu sceptique, on se laisse rapidement gagner par le charme des impressionnantes moustaches et de l’œil pétillant du célèbre détective belge.
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