43 ans après l'inoubliable Albert Finney, c'est au tour de Kenneth Branagh d'endosser le complet élégant, la canne mais aussi pour l'occasion, de magnifiques baccantes compléteront la bonhomie du visage de l'inénarrable Hercule Poirot. Le réalisateur/acteur britannique nous dévoile tout le talent de déduction du détective belge lors d'un succulent prologue sous le soleil de Jérusalem. Une parenthèse chaleureuse et pleine d'humour, contrastant avec l'univers glacial à venir. Parti pour prendre quelques congés, Hercule Poirot n'aura ni le loisir, ni le temps de profiter du farniente d'une villégiature bien mérité ! En effet, mandaté par un diplomate anglais qui a besoin de ses services à Londres, Poirot doit embarquer à bord de l'Orient Express partant d'Istanbul, destination Calais. Durant le voyage, le train s'immobilise violemment, victime d'une avalanche. Dans le même temps, un homme est retrouvé assassiné dans sa cabine. Drogué et lardé de nombreux coups de couteau, le corps est examiné par Poirot lui-même, prenant l'enquête à son compte. Difficile de faire un film à suspense quand 80% des spectateurs connaissent le fin mot du récit de la romancière britannique. Malgré cela, on embarque bien volontiers dans ce voyage ferroviaire meurtrier grâce au personnage de Poirot auquel Branagh confère une aura beaucoup plus humaine. L'homme est à la fois drôle, sensible, cynique et torturé par un passé douloureux. D'ailleurs, le réalisateur fait du deuil un des éléments-clefs de son long-métrage. De jolies prises de vue en CGI d'une Europe de l'Est enneigée, de somptueux décors, gagent du luxe régnant dans ce train mythique, le tout accompagné d'une solide distribution : ( Johnny Depp, Daisy Riley, Michelle Pfeiffer, Judi Dench, Derek Jacobi...) permettent à Kenneth Branagh de livrer une belle relecture classique dans le fond et moderne dans la forme, du roman d'Agatha Christie. Shakespearien dans l'âme, le cinéaste se permet un magnifique monologue sur le bien et le mal en épilogue de l'enquête face à une assemblée rappelant l'une des plus grandes œuvres de Léonard de Vinci. Superbe !! Pourquoi pas un rendez-vous prochain avec la mort sur les bords du Nil devant la caméra de Kenneth Branagh ?