Deux ans après s'être essayé au conte de fées, Kenneth Branagh se tourne vers une nouvelle adaptation du Crime de l'Orient-Express en portant la casquette du metteur en scène et la moustache du détective. Se payant le luxe d'un prologue inédit à Istanbul destiné à valoriser l'esprit déductif d'Hercule Poirot ainsi que la frontière qu'il dresse entre le bien et le mal, le film prend ses distances avec la version ubuesque de Lumet pour se diriger vers un style plus baroque. Tout en restant extravagant sur les bords, ce remaniement de l'oeuvre d'Agatha Christie pose avec application ses enjeux en se démarquant d'un point de vue esthétique. La mise en scène est classieuse et avantagée par la décision de Branagh de sortir régulièrement du train pour varier les entrevues avec les passagers. Le réalisateur évite toute redondance crainte par le concept et fait en sorte que chaque étape de l'enquête diffère de la précédente, que ça soit sur le montage, la durée ou la localisation. Quitte à ce que justement cela nuise au mystère préparé, les ficelles étant plus visibles et la démarche parfois inutilement mouvementée (sûrement liée à une demande des studios de dynamiser un peu plus l'investigation). En-dehors de ça, Le Crime de L'Orient-Express se tient très bien, profitant de l’œil expérimenté de Kenneth Branagh, de ses collaborateurs qui ne déméritent pas (Haris Zambarloukos, Patrick Doyle) et d'un casting impeccable.