Bon ben comme tout le monde, je m'attendais à un film noir, et ce n'est pas que le titre français qui laisse présager cela. Clash by night, laisse bien entendre qu'il va y avoir du grabuge en pleine nuit, mais connaissant la filmographie de Lang, il est impossible de penser une seule seconde que cela pour être un clash amoureux!

Ce n'est pas grave, j'ai tout de même passé un excellent moment. Clash by Night nous raconte une histoire d'amour comme je les aime. C'est-à-dire où le sentiment amoureux est rationnalisé au point d'en détruire toute trace de rêve. Comme bien souvent dans la réalité, ce film parle d'amour par le biais des responsabilités. C'est ça qui fait tenir les couples le plus souvent. C'est pessimiste. Mais c'est souvent ce qui arrive dans la réalité. Les autres films de ce genre qui m'ont plu sont : Spanglish, How do you know?, Knocked up. Ces films prônent le désenchantement de l'amour.

L'histoire démarre lentement. De quoi offrir des fausses pistes à gogo! Ben oui, on est dans les ports, Marilyn Monroe coupe des poissons (et on la sent bien mal à l'aise) et son mec est un macho... on attend le détective ou je ne sais quel amant susceptible de flinguer le machoman avant de se faire trahir par la belle. Ben non rien de tout ça, très vite d'autres personnages prennent le relais. En fait, Marilyn Monroe perturbe par le statut qu'elle a acquis depuis ; le cinéphile mal renseigné comme moi poura tomber dans le panneau. En plus, on la voit beaucoup à l'écran sur ces 5 premières minutes, et elle figure sur l'affiche du film, ça a de quoi perturber... En fait, il s'agissait là d'un de ses premiers 'starring' rôles (apparemment elle avait du mal à retenir ses dialogues), mais la vedette, c'était encore Barbara Stanwyck!

Barbara incarne donc une femme qui ressent le besoin de trouver un homme et vite. Elle le trouve dans la personne d'un gros bonhomme sympathique et pêcheur du coin. Habituellement, dans un film, on est bien content quand la dame trompe son gros bonhomme de mari pour le bellâtre de service, mais dans le cas de ce film, ce n'est pas le cas. Pourquoi? Parce que le dit mari n'est pas générateur de conflit : il est vraiment très sympa (même s'il pue le poisson), tandis que la belle semble égoïste et l'amant... ben l'amant c'est le genre de sale type un peu con pour qui les bimbo craquent en général... Alors bon... ça fait un peu mal. Ca fait bizarre aussi. Evidemment on peut comprendre que Barbara ne soit pas heureuse avec le gentil Jerry, mais c'est sa façon de le tromper qui agace. Elle l'aurait quitté, ok, no souci! Mais là, c'est vraiment rien qu'une méchante!

Cette situation ne se fait pas d'un coup. A vrai dire, l'intrigue se développe assez lentement. Mais Fritz Lang offre de superbes scènes pleines de tension pour construire son histoire. La façon dont les deux hommes rivalisent, sans même que ce pauvre Jerry s'en aperçoive... et puis la lutte intérieure de Barbara pour tenter d'être juste envers son mari tout en essayant de combler son besoin personnel. C'était cool. Et pour terminer, ce final hyper déprimant.

L'histoire m'a plu, vous l'avez compris. Par contre j'avoue être un peu déçu de la mise en scène de Lang. Si le film s'ouvre sur de très beaux plans du port, très vite le découpage s'appauvrit, sans doute à cause d'un tournage en studio peu inspirant... C'est limite théâtral et Fritz ne parvient jamais à vraiment justifier le choix de son médium pour donner vie à cette histoire. On passe d'un plan large à un plan serré avec peu de surprise, peu de saveur.

Bref, Clash by Night est une romance dramatique intense ; l'histoire est audacieuse, mais la mise en scène manque d'inspiration.
Fatpooper
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le 10 déc. 2012

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Fatpooper

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