Le mélodrame n'est pas forcément l'un des genres de prédilections de Fritz Lang, ce qui ne l'a pas empêché d'en mettre en scène à quelques reprises, et notamment en 1952 avec Clash by Night où il est question d'un triangle amoureux complexe et dangereux.


Il se montre pourtant moins à l'aise qu'à l'accoutumée ici, à cause d'une écriture qui n'est pas forcément à la hauteur, à l'image de dialogues guère percutants ou des personnages qui n'ont pas spécialement un intérêt majeur. Ces derniers souffrent d'ailleurs d'un aspect caricatural un peu trop fort, et finalement d'une psychologie ratée. Pourtant, l'oeuvre débute assez bien, c'est intéressant, mais ces espoirs s'écroulent assez vite, et Lang ne parvient pas vraiment à sortir du schéma de simple théâtre filmé.


C'est d'abord sur Barbara Stanwyck qu'il va poser sa caméra, et à travers elle mettre en avant la recherche du bonheur et de l'amour, mais aussi la fatigue et la solitude, et la façon dont ces éléments peuvent peser sur une vie. Il nous fait suivre au quotidien son évolution ainsi que celle de ceux l'entourant, les difficultés, les couples qui vont se créer ou se déchirer, ce qui, sur le papier, était fortement intéressant, dommage donc que l'écriture, le rythme ou la mise en scène ne soient pas au niveau des espérances.


Si la réalisation du cinéaste allemand n'est guère mémorable, elle est tout de même un minimum efficace, malgré le côté impersonnel, et il se montre toujours à son aise pour diriger les comédiens. Le quatuor qu'il met en scène parvient à, parfois, porter le film sur leurs épaules, avec un parfait Paul Douglas, un bestial et cynique Robert Ryan dont le cœur balance entre le confort et la liberté, une magnétique Barbara Stanwyck ou encore une Marilyn Monroe pétillante qui aurait mérité un rôle un peu plus étoffé.


En signant Clash By Night, Fritz Lang propose un mélodrame intéressant sur le papier mais dont l'écriture et la mise en scène ne sont pas vraiment à la hauteur, avec des problèmes de rythme, d'attachement ou d'atmosphère, et seuls les comédiens, en particulier Barbara Stanwyck et Paul Douglas, parviennent à tirer leur épingle du jeu.

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le 18 juin 2020

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Docteur_Jivago

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