Le Dernier Pub avant la fin du monde par Voracinéphile
Oui, ça ressemble étrangement à Very Bad Trip, et pendant toute la première partie, on est effectivement à ce niveau là. Reste qu’on est moins dans la connerie irresponsable que dans une immaturité crasse. Et c’est bien ce qui décourage sur le cinéma d’Edgar Wright, qui depuis sa fulgurante ascension, a été sacré trop vite réalisateur à suivre (et je suis d’autant plus amer que j’ai fait parti de ses fans). A l’exception de Hot Fuzz, qui s’amusait de sa bêtise en dopant son pitch pépère avec les codes du cinéma d’action, Edgar Wright ressort toujours le même message de film en film. Être un geek, c’est cool, mais ce n’est pas ça qui aide à prendre des responsabilités dans la vie (avoir une copine, un boulot, s’intégrer…). Donc, le temps du film, le personnage geek prend conscience de son immaturité, mais avant de grandir, il va aller jusqu’au bout, pendant toute la durée du film en fait. Oui, c’est gentil, mais c’est toujours la même chose, alors que le temps passe. Edgar Wright a cristallisé cette belle image, et il la ressort à chaque nouveau projet, en la maquillant différemment. C’est calibré pour avoir l’air profond sous la légèreté, mais c’est totalement inoffensif, et d’ailleurs, c’est vide de toute substance (OK, c’est un trip régressif, et j’ai conscience que je ne suis pas intégré dans le monde, mais putain, je continue, et me traite pas d’immature, parce que je suis au courant mais que je persiste). Il est facile d’y voir un divertissement léger, car il ne contient rien. Rien d’autre qu’un humour léger (pas forcément désagréable, quelques gags sont drôles), des allusions cinéphiles et une galerie de quarantenaires qui échangent leurs vieux souvenirs. Oui, leurs souvenirs sentent un peu le vécu, et peut être que certains s’y reconnaîtront. Mais ce n’est en aucun cas ce qui se passe sous nos yeux qui va nous les faire aimer. Ils nous sont étrangers, et le restent pendant tout le film. Mais la conclusion est plus grave. En l’état, en cours de route, le film a besoin d’un twist référentiel (c’est obligé, vu que Wright ne fait que des films de geek). Et c’est vers l’Invasion des profanateurs de sépultures que le réalisateur jette son dévolu, faisant un remake comique des chefs d’œuvres de la SF bien connus des cinéphiles. C’est amusant, mais une fois la référence avalée, le film devient absolument pesant. Aucune surprise, la redondance des bars qui défilent n’est pas évitée, l’humour devient lourd… Et rien ne se renouvèle plus dans la formule qui finalement mélange deux ingrédients (Very Bad Trip / Body Snatchers) sans parvenir à les faire cohabiter. Comble de l’immaturité, le face à face final entre nos survivants complètement bourrés et l’intelligence artificielle des extra terrestres, qui annoncent clairement leur projet d’améliorer les conditions de vie terrestres en leur offrant un corps affranchi du vieillissement et la possibilité d’améliorer le cadre de vie moyen de la planète entière. Et répondant avec une insolence éthyllique, ils balancent des concepts dont ils ne comprennent même pas le sens (la liberté, pfff), décourageant à eux seuls les tentatives des aliens dans un vague élan de suffisance bouffie d’orgueil d’être des humains et d’être fiers de faire des erreurs. L’éloge de la revendication de la médiocrité comme réponse faite aux Aliens… Don Siegel doit se retourner dans sa tombe. Certes, c’est drôle de se taper des trips régressifs, mais aller jusqu’à les revendiquer pour en faire l’étendard de sa liberté… Autant dire qu’on peut faire tout ce qu’on veut comme ça on est libre. Et oui on devra se réveiller à la fin du film, mais jusqu’au générique, on fait ce qu’on veut… Non clairement, je ne vois plus ce qu’il y a d’amusant ou même de divertissant dans le cinéma d’Edgar Wright. On peut toujours trouver ses personnages amusants, son cinéma soit disant référentiel et innovant était juste inhabituel. En fait, il est facilement résumable, et donne lieu à des créations qui rivalisent en vacuité les unes avec les autres sous couvert de références ultra-sélectives. Du Tarantino sans les dialogues pêchus ou l’essence de cinéma.