Durant l'hiver 1898, au fin fond de l'Utah, un groupe de paysans deviennent hors-la-loi pour survivre. Des chasseurs de primes sont engagés pour les abattre. Ils sont menés par Tigrero (Klaus Kinski), qui n'hésite pas à contourner la loi pour s'enrichir. Il abat un jour le mari de Pauline (Vonetta McGee) qui décide d'engager un mystérieux tireur, Silence (Jean-Louis Trintignant) pour s'en débarrasser.
Le regard de Klaus Kinski pourrait résumer l'environnement dans lequel évolue les protagonistes : monstrueux, glacial et vide. Il est pour moi le vrai personnage principal éclipsant totalement Silence qui dispose pourtant d'un "background" intéressant.
En effet comment ne pas être intéressé par ce personnage auréolé de mystères et désigné comme le meilleur tireur de l'Ouest ? On le compare très (trop?) vite à "l'homme sans nom" dans la Trilogie du Dollar et le jeu minimaliste de Trintignant est parfait.
Sauf que Sergio Corbucci ( qui a été un moment, assistant de Sergio Leone) a une vision très nihiliste du western : seul le plus malin, le plus fort peut survivre. Il va donc de manière plutôt intelligente selon moi, "désacraliser" le héros en éclaircissant assez vite dans le film le voile de mystère qui entoure Silence tout en le rendant vulnérable. Au lieu d'être aussi calme et malin que Blondin, Silence tombera plusieurs fois dans des pièges qui l'affaibliront considérablement.
Logiquement, je me suis alors très rapidement désintéressé du personnage en me focalisant exclusivement sur les agissements de Tigrero.
Le bémol, c'est que cela est fait de manière un peu grossière à mon avis.
Sa tentative de provocation sur Tigrero colle au personnage qui se refuse de tirer tant que son adversaire ne dégaine pas son pistolet. Mais sa provocation m'a paru vraiment trop grossière.
Je ne parle même pas de la dernière confrontation où la réaction de "Silence" n'a aucun sens : se sachant affaibli, pourquoi foncer tête baissée ? A t'il oublié qu'il a des vies entre ses mains ? Pourquoi ne pas tenter de les diviser ?
Je comprends bien que cela sert pour amener la fin du film qui est très sombre, mais on aurait pu avoir un héros un peu moins "héroïque" et plus malin, surtout qu'il est conscient qu'il ne pourra pas s'en sortir s'il les affronte directement !
Cependant, j'ai apprécié le film : les acteurs campent tous très bien leur rôle (Kinski est très charismatique), les musiques sont très belles (j'adore personnellement celle qui se joue durant les interactions entre Silence et Pauline) et la fin mine de rien restera gravée dans ma mémoire par sa noirceur.
Créée
le 5 juil. 2018
Critique lue 204 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Le Grand Silence
PFiou les amis, quelle baffe ce grand silence, 1h30 de plaisir total, de dépaysement neigeux et de sales gueules qui flinguent à tout va. Éprouvant en diable, à l’épine dorsale épurée de bonne...
Par
le 13 déc. 2014
52 j'aime
6
Quand on a décidé de faire votre sale métier. Faut bien s'attendre au pire. Nous savons que tous les métiers ont des risques. Ils ont des règles. Et ses règles je vous conseille de les...
le 22 juin 2022
43 j'aime
27
La fin des années 60 est un point de bascule pour le western, par l’arrivée des italiens et ce qu’on appellera avec une grande finesse le western spaghetti. A l’ombre du pape Leone, une flopée de...
le 3 févr. 2018
34 j'aime
8
Du même critique
Une injustice entoure le genre du western : il a toujours divisé le public. La plupart des intellectuels se moquent de la lenteur des intrigues et de la brutalité des personnages, tandis que le jeune...
Par
le 6 nov. 2023
9 j'aime
5
Découvert par hasard il y a un peu plus d'un an, Slay the Spire était pour moi un titre intriguant, car les rares images que j'ai pu apercevoir montraient un univers de fantasy assez sombre. Le...
Par
le 17 nov. 2022
8 j'aime
Les éditeurs prennent parfois des décisions incompréhensibles. Trop souvent, il arrive que de superbes titres (Shining force III, Mother 3, Seiken Densetsu 3, les premiers jeux de la licence Yakuza),...
Par
le 17 nov. 2022
4 j'aime
