Le premier opus de la nouvelle trilogie avait distillé un malaise certain, que la découverte de cette « désolation de Smaug » devait lever ou contraire appuyer.
Afin de ne pas être taxé de vieux radoteur ennemi des blockbusters, je me dois de préciser que j’ai aimé la première trilogie. Vraiment. D'ailleurs, ma critique des deux tours est là pour le prouver.

- OK vieux séducteur, draguons-

Sortir avec ce Hobbit 2 est du coup une expérience étrange. Un ancien (très fort) amour refait surface 10 ans après, et décide de vous draguer à nouveau en rejouant à la perfection les meilleurs moments de votre histoire passée. Il vous refait le coup du champagne, des roses, des bougies et du sourire ravageur. Mais voilà, entre temps on a vieilli et on a vécu d’autres expériences.
C’est charmant, sans doute, touchant, bien sûr, mais on y croit plus vraiment.
Pire, on décèle les ficelles, et on en vient parfois à repenser à notre folle aventure avec un pincement au cœur. Et si le souvenir avait tout enjolivé ? Ne nous serions pas fait en partie avoir à l’époque, ébloui par une fougue et une inexpérience bien compréhensible alors ?
Joe, j’en ai peur, a tout résumé ici: http://youtu.be/MoiMUvOk7pA

- Un Smaug bien brumeux-

Tout semble faux désormais, mais pas seulement parce que nos yeux savent désormais voir. Le Seigneur des Anneaux avait en partie charmé pour des décors foudroyants et des paysages sublimes. On ne retrouve rien ici pour ravir la rétine: tout transpire le numérique (on attend en vain l’équivalent du palais du Rohan, par exemple) et chaque paysage baigne dans un dégueulis de filtres en fausses couches répétitives. Pas étonnant que le résultat soit un brin mort-né.
Non, sans déconner, le maquillage, c’est un truc sérieux et délicat, même Selena peut en témoigner: http://youtu.be/AaK4LxQT4xQ)

- Peter (J) et fiotte le dragon-

Et puis bon, à nous resservir à libitum la recette originale (voir à ce sujet l’excellente analyse Socinienne: http://tinyurl.com/pzh62pn ), l'écueil de la redite et de la surenchère se superposent.
Un bon film d’aventure, c’est d’abord un bon méchant, même le gros Alfred l’avait compris, et l’immunité dont semblent disposer nos gentils nains laisse pantois, quand bien même il vous viendrait à l’idée de me rappeler qu’il s’agit à l’origine d’un ouvrage pour enfant. Peter Jackson multiplie les scènes spectaculaires dans la plus grande indifférence. Parce qu’on comprend rapidement que personne ne va vraiment morfler du côté des héros. Pour partie parce qu’on les retrouvera plus tard, et pour partie parce qu’ils sont trop mignons-trop-choux !
400 000 orques et un dragon qui se prend pour Dieu n’y peuvent rien: nos amis de petite taille traversent les épreuves avec une bonhomie qui inspire un doux ennui.

On sort de cette séance avec un doux mélange d’émotions, douce nostalgie et détachement charmé (que Mick et Keith illustrent parfaitement là: http://youtu.be/loNey3n6uuE) en nous disant que nous avons sans doute plus et mieux mûri que Peter Jackson, qui semble avoir raté le coche du conte pour enfant: quand il est réussi, il s’adresse à toutes les générations, terrifie et charme autant les grand que les petits.

- Mais tu vas allumer cette forge, clown né ?-

(PS: Dire que certains mes collègues SensCritiqueurs ont dû se faire porter pâle au boulot pour pouvoir suivre en bande organisée ce nouvel épisode laisse songeur quand au devenir de la solidarité nationale. Les plus grandes causes dépendent souvent des plus petits effets. Pour ma part, j’y trouvais forcément mon compte: suivre une aventure en terre du milieux aux côté d’un nécromancien et d’un croisement d’orque et de nain qui allait vite fantasmer sur les possibilités qu’offrent les copulations d’un nain et d’une elfe rousse est forcément une expérience savoureuse.
D’ailleurs, les nains (http://thedwarves.com/videos) l’ont exprimé de la manière la plus radicale qui soit: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=8UB5y2CgRYw )
guyness

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