Le jouet comptait parmi les films que je regardais beaucoup étant gamin. J’adorais Pierre Richard (mais je l’adorais partout à vrai dire) en énième François Perrin, journaliste manipulé par le directeur d’un grand journal incarné par un redoutable Michel Bouquet, qui licencie à tort et à travers à l’image du renvoi de Pignier (Gérard Jugnot) sous prétexte qu’il a les mains moites. J’adorais aussi Eric (Ou plutôt : Monsieur Eric) ce gamin de milliardaire qui fait de Perrin son jouet et qui tyrannise les employés de maison autant que la nouvelle compagne de son père. J’adorais la séquence de la « rencontre » dans le magasin de jouets, avec cet enfant désignant, très sérieusement, le pitre maladroit, entre les panoplies de Zorro et Peter Pan, par un « Je veux ça ! » cultissime, ancré depuis lors, dans mon langage courant. J’adorais aussi la scène de la visite du château en mini formule 1 ainsi que celle du duel au pistolet dans la garden party.


 Ma mémoire – ou l’âge que j’avais la dernière fois, car je l’ai pas revu depuis gamin – avait complètement évacué le sous-texte éminemment politique et social. C’est loin d’être qu’un sous-texte, en fait : D’abord parce que les fondements de l’intrigue reposent entièrement là-dessus : Perrin accepte le deal impossible d’être le cadeau d’anniversaire d’un petit garçon, tout simplement parce qu’il sort de dix-sept mois et sept jours de chômage. Mais surtout parce que bientôt, Perrin & Eric s’associeront afin de créer un journal libre dénonçant les travers de l’empire de ce père dictatorial. Bref, c’est avant tout une grosse satire du monde du travail, un pamphlet contre ces magnats hégémoniques accompagnés de leurs subalternes asservis qui ne sont autre que les jouets du pouvoir.
Mais surtout ce n’est pas drôle du tout comme film, contrairement au souvenir qu’il m’avait laissé. C’est même plutôt triste cette histoire d’enfant pourri par son père car ce dernier ne le récupère à sa mère qu’un mois dans l’année. Et donc comme dans (quasi) tous les films de Veber, c’est l’histoire de la quête d’un père : Eric trouve en François Perrin ce qu’il aimerait trouver chez son père, d’abord en le manipulant comme son père manipule son monde, puis en s’humanisant. C’est un beau film, d’autant qu’il s’agit du tout premier Veber, en tant que réalisateur (Il avait, entre autre, précédemment écrit L’emmerdeur, réalisé par Edouard Molinaro ou les deux volets du Grand blond, réalisés par Yves Robert). Incroyable aussi de voir combien c’est une matrice évidente pour le Babysitting de la Bande à Fifi. Bref, content, ému de l’avoir revu.
JanosValuska
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le 6 oct. 2020

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JanosValuska

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