Lorsque la beauté du labyrinthe écarte sa simplicité

Je n’aime pas le fantastique. Refuser notre monde pour s’évader dans un univers imaginaire, n’est pour moi qu’un sédatif ; c’est une façon de refuser de faire face à la vie telle quelle est. Vous l’aurez compris les univers totalement imaginés ne me conviennent pas. Cela ne signifie pas que je refuse l’imagination, loin de là ; elle doit être au service de la réalité. Le fantastique également, j’accepte le fantastique lorsque celui-ci est présenté comme marginal tel le fantastique d’un Maupassant. Lorsque tout un univers est fantastique, cet univers ne m’intéresse pas vraiment. Je recherche dans cet univers des liens avec la réalité. Son existence est justifiée uniquement s’il permet de découvrir une nouvelle dimension de la réalité.

Le labyrinthe de Pan jongle entre réel et fantastique. Une petite fille qui rencontre un faune dégueulasse qui lui dit qu’elle est la fille d’un roi d’un royaume imaginaire, rien de plus inintéressant. Une petite fille qui se retrouve dans un camp de soldats isolé dans la montagne en pleine guérilla, ça devient beaucoup plus intéressant. Le labyrinthe de Pan jongle donc entre bon et moins bon dans son propos.

Globalement, l’histoire liée à la guerre, au capitaine est plutôt intéressante. Cependant elle manque d’originalité et n’est pas assez fouillée. Évidemment, il était difficile de fouiller deux histoires en un seul film. La seconde histoire est plutôt pas trop mal et originale pour son genre. Elle manque pourtant un peu de passion et est assez prévisible. Surtout, je ne vois pas de lien entre cette histoire et la réalité. Je m’en suis donc complètement désintéressé.

Bon, j’ai mis 7 tout de même, il faut donc venir aux points positifs. L’énorme point positif est l’esthétique extrêmement travaillée du film. Pendant le film, j’étais dans ces montagnes espagnoles. Je subissais la cruauté du capitaine et la tension de Mercedes. Chaque plan est extrêmement travaillé pour aboutir à une esthétique globalement magnifique. Seul l’univers imaginaire de Pan aurait pu être plus travaillé. Bien sûr cette esthétique ne pourrait se faire sans l’énorme prestation des acteurs. Je ne citerais pas de noms, je ne les connais pas. Ils sont tous excellents, personne ne pêche. Mercedes et le capitaine sont incroyables. J’ai été moins impressionné par la performance de la petite Ophelia mais elle reste très bonne. J’hésite à la mettre dans ma liste sur les enfants au cinéma. On verra.

Un excellent réalisateur, de très bons acteurs, il manquait un bon scénario et un bon sujet. Le scénario comme le sujet sont corrects mais sans plus. L’ancrage dans le réel du film m’a paru totalement artificiel, c’est dommage. Le film ne sait vers quoi tendre, le fantastique ou le réel ? Finalement tous deux seront bien représentés mais pas assez étudiés, pas assez fouillés sans qu’il existe de lien entre les deux et nous sortons bien vite du labyrinthe. Dommage certes, mais surtout encourageant.