le 18 nov. 2019
American Race
On ne peut pas dire qu’on n’est pas prévenus : un biopic sur une victoire américaine par Ford contre Ferrari n’impliquait pas vraiment un traitement dans la dentelle. Deux fausses pistes laissaient...
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Au début des années 60, la célèbre marque de voiture Ford bat de l’aile. Pour redynamiser son image, les managers lancent la firme de Detroit sur le marché des voitures sportives de compétition. Il faudra toute l’audace du designer Caroll Shelby (Matt Damon) et la folie du pilote caractériel Ken Miles (Christian Bale) pour ne pas se ridiculiser sur le terrain des impitoyables Ferrari.
La présence de James Mangold au poste de réalisateur est un gage de qualité, quel que soit le sujet et le contexte du film. Tout lui réussit : le film d’horreur (Identity), le western (3h10 pour Yuma), la comédie d’action (Night and Day) ou le film de super-héros (Logan). Il excelle notamment dans l’art de choisir et diriger ses acteurs. C’est devant sa caméra qu’Angelina Jolie a incarné son rôle le plus touchant (Une vie volée), que Sylvester Stallone a montré le comédien qui se cachait derrière ses muscles (Copland) ou que Joaquin Phoenix s’est métamorphosé en Johnny Cash (Walk the Line).
Il fallait bien tout le talent de James Mangold, Matt Damon et Christian Bale pour emballer un un film qui s’avère extrêmement classique. Pire, le pitch se révèle carrément obsolète : construire le plus rapidement possible une grosse cylindrée pour gagner des courses automobiles et ainsi affirmer la suprématie du modèle américain. Les personnages sont archétypaux, les rôles féminins font figure de faire-valoir et pas besoin d’être féru de Formule 1 pour deviner l’issue du film. Bref, un film pas forcément nécessaire au 21ème siècle. Et pourtant, étonnamment la magie opère ! Grâce au savoir-faire de Mangold et ses acteurs, les 2h32 (!) de cette odyssée mécanique filent en un clin d’œil. C’est bien rythmé, excellemment interprété et construit juste comme il faut pour se laisser regarder avec plaisir et curiosité.
Pourquoi donc James Mangold aurait-il mis son talent au service d’un scénario a priori si téléphoné ? Peut-être parce que le film parle de la place de Mangold lui-même au sein du système hollywoodien. En version originale, le titre du film s’intitule Ford v Ferrari. Plus que d’opposer deux marques de voiture, il confronte deux philosophies, deux visions de la conception automobiles. D’un côté le « Fordisme », véritable modèle de management méga-industriels où une production massive est pilotée par une armée de bureaucrates hyper hiérarchisée. En face, Enzo Ferrari en quête d’art et de perfection, supervisant chaque véhicule assemblé avec une méticuleuse passion au sein de sa manufacture. Ainsi, seule la sensibilité d’un habile concepteur de voiture (Shelby) sachant s’entourer des meilleurs, quitte à ce qu’ils soient parfois les plus fous et caractériels (Miles), permit à Ford, ce Moloch industriel, de rivaliser avec les artistes les plus perfectionnistes de la mécanique. De là à y voir James Mangold, artisan doué et capable de réaliser des films sincères et réussis au sein la grosse machinerie hollywoodienne, il n’y qu’un pas. Hollywood v Cinéma ? Plutôt que d’opposer l’art à l’industrie, James Mangold prouve que le 7ème art peut embrayer sur une voie alternative, grâce à un artisanat habile et appliqué.
Créée
le 5 nov. 2019
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le 18 nov. 2019
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