Biopic bien convenu et chiant ; un film de bureaucrates plus que de pilotes de course.


Les personnages sont artificiellement nourris (ho chouette cette relation père-fils, ça permet vraiment d'apporter de la profondeur...), les dialogues sont d'une lourdeur et d'une bêtise affolante (j'ignorais que les pilotes étaient de tels philosophes, sans parler des interventions pour expliquer ce que l'on voit), la nobilisation est vraiment écœurante (ce sont des gens en or en fait, ils sont beaux, ils disent des trucs beaux, ils font des trucs beaux). Ce portrait est tellement lisse qu'on pourrait faire du patin à glace dessus.


L'intrigue en soi n'a pas tellement d'intérêt : on suit la construction avec une certaine distance : on teste la voiture, un truc va pas, ce sera réparé pour la scène suivante... le spectateur n'est jamais vraiment propulsé dans cet univers de la construction automobile ni même de la vente, on oublie même que ça parle de bagnoles par moment. L'action n'est pas mieux non plus puisque les courses sont très peu présentes et quand on a la chance d'en avoir une, l'auteur préfère détourner l'attention sur les petites rivalités bureaucratiques (ho le coquin qui vole les chronomètres italiens, ho le méchant supérieur qui veut que les coureurs finissent en même temps sur la ligne d'arrivée).


La mise en scène est décevante : certes la photographie est sympa avec quelques jolis couchers de soleil (on se demande ce que ça vient foutre là d'ailleurs), pour le reste, pas grand chose à se mettre sous la dent. Le découpage est lisible, oui, mais peu inspiré, et pas vraiment efficace pour les scènes d'action (conduire à 280 à l'heure n'aura jamais paru aussi chiant) ; le montage fait également défaut lors de ces courses-poursuites puisque le réalisateur et son monteur ne peuvent s'empêcher de casser toute tentative de créer un scène de vitesse : dès que ça commence à rouler, vous pouvez être sûr qu'un visage émotionné interrompra la scène, si pas Mangold répétera inlassablement son plan 'changement de vitesse' suivi du plan 'pied sur accélérateur' ... à partir du moment où un yes man participant à "Fast and Furious" se montre plus créatif pour provoquer l'adrénaline, on peut se demander s'il n'y avait pas meilleur choix pour confier ce projet ?


La reconstitution est correcte du peu qu'on en voit (des vêtements - trop propres -, des coupes rétro), on appréciera surtout la beauté de ces vieilles voitures de course. Le casting est correct, Damon joue sobrement et c'est tant mieux, parce que Bale, en contre-partie, semble n'avoir plus aucune limite : on lui demanderait de lâcher une caisse devant al caméra, il le ferait comme si ce plan pouvait lui rapporter des tas de récompenses, avec un sérieux qui fait un peu trop pitié.


Bref, pas très intéressant ce film.

Fatpooper
4
Écrit par

Créée

le 27 févr. 2020

Critique lue 223 fois

3 j'aime

4 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 223 fois

3
4

D'autres avis sur Le Mans 66

Le Mans 66
Sergent_Pepper
6

American Race

On ne peut pas dire qu’on n’est pas prévenus : un biopic sur une victoire américaine par Ford contre Ferrari n’impliquait pas vraiment un traitement dans la dentelle. Deux fausses pistes laissaient...

le 18 nov. 2019

66 j'aime

8

Le Mans 66
Maxime_T__Freslon
8

Plus qu'une voiture, plus qu'une course, plus qu'un biopic : une passion.

Il y a deux ans de cela, James Mangold faisait carton plein avec le phénomène super-héroïque de 2017 que l’on n’attendait pas autant après ses deux premiers spin-off : Logan, un film X-Men sur un...

le 9 nov. 2019

49 j'aime

1

Le Mans 66
Moizi
7

bouuum et des bangs en Ford Mustang

Agréablement surpris, je me rends compte que j'aime bien les films de bagnole, jour de tonnerre, rush et maintenant ça... D'ailleurs j'aime la tournure que prend le film, vu le titre original Ford v...

le 20 nov. 2019

46 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

116 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55