Camille se met à douter de l’amour que lui porte Paul davantage préoccupé par l’opportunité qui lui est offerte d’écrire pour le cinéma. En insistant deux fois plutôt qu’une pour qu’elle parte avec le producteur prédateur, il lui inflige un affront irréparable. Va-t-il parvenir à la reconquérir en délaissant le cinéma pour retourner à l’écriture pour le théâtre? L’histoire ne le dit pas. Une voix narrative nous cite Hervé Bazin en guise de prologue : « Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs. » Au regard de qui? Celui du spectateur ou celui du réalisateur/producteur à qui le cinéma permet d’assouvir ses désirs. Quelle était l’intention de Godard en entreprenant Le mépris? Dénoncer la perversité du milieu du cinéma et ses effets dévastateurs sur la vie matrimoniale ou y prendre plaisir lui-même en se payant le cul de Brigitte Bardot : « Merveilleux le cinéma : On voit des femmes, elles ont des robes, elles font du cinéma, clap on voit leur cul. » commente Paul en plein tournage. Le cinéma émergeant de la nouvelle vague a donné à certains réalisateurs des airs de génie qui pâlissent avec le temps. En voulant se faire audacieux au niveau du langage formel on oubliait l’essentiel qui repose sur le jeu des acteurs. Le parallèle avec l’Odyssée, la présence de Fritz Lang, la musique tragique de Delarue sont quelques-uns des éléments songés du film. Montrer les fesses de BB, aussi belles soient-elles, pouvaient être remarquablement osé à l’époque, mais en visionnant le film à l’ère me too on ressent davantage le mépris…