Une excellente révélation qui confirme que si Val Guest a eu une carrière pour le mois inégale, quand il s'en donne les moyens, il peut-être formidable.
Contrairement à son titre français, ce titre ne doit rien au thriller ou au polar d'atmosphère mais repose sur une approche plus proche du documentaire en suivant les techniques d'investigation des policiers : interroger les voisins, analyses en tout genre, fouiller le jardin, essayer d'identifier les personnages de passages à proximité de la maison, retrouver une voiture... avec son lot de fausses pistes et d'impasses. Et c'est tout simplement passionnant.


Déjà parce que l'enquête est particulièrement retorse, que certaines déductions demeurent brillantes et que le cheminement des policiers est décrit avec justesse. Mais c'est surtout la réalisation qui fait tout la différence. Guest exploite toute une série de trouvailles pour maintenir l'attention (et la tension) avec un accumulation d'informations permanente. La densité de la réalisation est presque vertigineuse et il y a toujours une astuce pour remplir le cadre de mouvements. Même lors d'une banale conversation, les personnages ne sont pas platement assis mais effectuent divers tâches qui ne les rendent que rarement statiques, et si c'est le cas il y a toujours quelques choses de supplémentaires dans le champ pour conserver le tempo : un agent qui prend des notes, des officiers qui creusent dans la cour, des allers-retour dans l'arrière plan. De plus le débit verbal est incroyablement soutenu pour des dialogues qui fusent à 100 à l'heure sans qu'ils soient trop explicatifs.
Il n'est donc pas rare que les enquêteurs fassent quelques choses de différents du sujet de leur discution. Par exemple, on peut entendre un interrogatoire crucial autour de l'emploi du temps du suspect principal tandis que le second inspecteur fouille dans la pièce voisine de ce dernier et tombe sur plusieurs indices concomitants (sans jamais les commenter façon "mais on dirait l'imperméable du tueur"). J'ai trouvé ça non seulement d'une redoutable économie de moyen tout en étant intelligent avec son désir de ne pas prendre le spectateur tout le temps par la main.
Il y a plein d'autres scènes de ce genre (le découpage sur l'échange de regard des deux héros lorsqu'ils vident une malle avec différents étages, alors qu'un témoin tient une conversation à côté d'eux, fait immédiatement comprendre aux spectateurs qu'il y a quelque chose qui ne tourne désormais plus rond). De plus, la psychologie des seconds rôles est assez réussie, offrant quelques moments plus calmes, mais toujours chargé en tension comme la crise de nerf d'une femme apprenant qu'elle a eut une liaison avec le tueur alors qu'un cadavre se trouvait à quelques mètres.


Enfin les comédiens, pas forcément les plus connus, sont toujours dans le bon registre, ni trop charismatiques ou ni trop flegmatique. Avec 105 minutes au compteur et avec un tel parti-pris dans la réalisation, et l'accumulation d'impasses, le rythme faiblit légèrement à quelques reprises avant de repartir de plus belles quelques minutes après.


Ce jigsaw est un fabuleux exercice de style qui mériterait vraiment une redécouverte.

anthonyplu
8
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le 7 avr. 2017

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anthonyplu

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