Le Petit Prince
6.8
Le Petit Prince

Long-métrage d'animation de Mark Osborne (2015)

Adapter le chef-d’œuvre de la littérature enfantine de Saint-Exupéry en film de synthèse, le pari était osé ! Surtout avec le réalisateur de Kung-Fu Panda, film amusant, mais pas de la plus extrême finesse ni de la plus grande poésie, deux caractéristiques absolument nécessaires pour capter un tant soit peu l’esprit de Saint-Exupéry. Et pourtant, de ce point de vue, Mark Osborne mérite toutes les félicitations, ayant réussi à faire de cette adaptation pour le moins risquée un excellent film d'animation dont on ressort avec des étoiles au fond des yeux.
D’abord, le fait d’insérer l’histoire du petit prince dans un récit cadre qui décrit un monde incapable de rêver, entièrement tourné vers soi et vers la réussite, est une idée brillante, permettant de tordre le cou à certaines images d’Epinal, comme la femme émancipée au travail (qui délaisse complètement sa famille…) ou la vie entièrement consacrée à son avenir professionnel (qui détruit toute humanité chez l’adulte en devenir). En opposant cette vision taylorienne de la vie à la vision pleine de charme et de poésie du vieil aviateur en qui on pourra facilement reconnaître Saint-Exupéry, qui dénonce l’orgueil et la superficialité de cette vision, le film est une franche réussite et se rapproche des grandes réussites des studios Pixar, par exemple, évoquant sans cesse Là-Haut sur la forme (au moins les 10 premières minutes du film), et Vice-Versa (sorti un mois auparavant) sur le fond, particulièrement dans sa première moitié.
En effet, la deuxième partie du film, et notamment lorsque la petite fille part à la recherche d’un petit prince dénaturé qui a grandi dans un monde d’où le rêve, l’enfance et tout ce qui est inutile sont bannis, et le travail érigé comme un but en soi, est nettement moins séduisante. Cette vision d’un monde déshumanisé, si elle reste très « saint-exupérienne » sur le fond, évoque plus du Tim Burton sur la forme, ce qui n’est pas un défaut en soi, mais prend le risque d’effrayer le jeune public auquel le film est destiné.
Mais cela n’a pas trop d’importance, car c’est le message qui prime d’abord, une belle leçon de foi qui montre bien Le petit prince comme ce qu’il est tout d’abord : un récit qui n’existe pas pour lui-même, mais qui est d’abord tourné vers les autres, un récit qui aide à grandir tout en gardant son âme d’enfant. Et cette leçon, petit ou grand, on ne l’oubliera jamais : « Ne vois bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

Tonto
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films d'animation français et Les meilleurs films de 2015

Créée

le 8 mars 2016

Critique lue 238 fois

2 j'aime

Tonto

Écrit par

Critique lue 238 fois

2

D'autres avis sur Le Petit Prince

Le Petit Prince
cloneweb
7

Dessine moi un mouton

Paru en 1943, Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry est considéré comme un chef d’œuvre de la littérature qui cache sous l’apparence d’un conte pour enfants une allégorie de la vie. Adulé par...

le 28 mai 2015

28 j'aime

Le Petit Prince
E-Stark
8

Grandir pour mieux se souvenir.

Difficile d'adapter un roman comme Le Petit Prince, d'autant plus quand il s'agit de le porter à l'écran pour un public majoritairement composé d'enfants. Car une chose est sûre avec cette histoire...

le 23 août 2015

26 j'aime

6

Le Petit Prince
Naël_Malassagne
4

Rose commune

Ne pas se limiter à l’histoire du livre était un pari audacieux, en faire un simple support une erreur regrettable. Comme si le spectateur n’était pas assez intelligent et sensible pour apprécier...

le 8 juil. 2015

23 j'aime

Du même critique

Solo - A Star Wars Story
Tonto
8

Mémoires d'un Han

Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader...

le 24 mai 2018

79 j'aime

32

Hostiles
Tonto
9

La fantastique chevauchée

1892, Nouveau-Mexique. Vétéran respecté de l’armée américaine, le capitaine Joseph Blocker (Christian Bale) se voit donner l’ordre de raccompagner le chef cheyenne Yellow Hawk (Wes Studi), en train...

le 20 mars 2018

78 j'aime

15