Je n'ai rien contre le manichéisme... mais il faut avouer que dans tout ce que j'ai pu voir ou lire au sujet de l'holocaust, c'est la BD de Spiegelman qui mérite le plus d'acclamation. Et son succès critique n'est certainement pas étranger au fait que l'auteur attaque autant les allemands que les juifs et les polonais. Polanski s'en tire toutefois mieux que Spielberg et évite les images niaises.
En fait, le scénario est plutôt intelligent dans le sens où il arrive, pendant une bonne moitié du film, à faire de l'ascension allemande et l'extermination juive des faits secondaires, privilégiant plutôt les 'petits' tracas au jour le jour d'un pianiste juif. Ainsi on ne se focalise pas sur un conflit impossible à résoudre pour un seul homme (sauver les juifs) mais plutôt sur un conflit humain : comment se faire un peu d'argent, comment vivre décemment, comment se nourrir aujourd'hui? C'est ce qui m'a plu.
Malheureusement, si la première moitié se voulait légère (encore que l'humour et le bonheur s'estompent très vite), la seconde est trop misérabiliste (assister à des choses contre lesquelles ont ne peut rien faire). Je pense que Polanski aurait gagné à être plus léger dans son film ; un peu d'humour aide toujours à mieux faire passer la pillule et a l'avantage de renforcer les moments dramatiques (plus facile de pleure après avoir ri). Je pense aussi que l'officier allemand de la fin aurait dû intervenir plus tôt (on se fout de la structure du livre de base), voire ça aurait été intéressant d'en savoir un peu plus sur lui, et ainsi avoir els deux points de vue. Car là au final, Polanski ne fait qu'angélifier les juifs et diaboliser les allemands. Car si on y regarde de plus près, il n'y a pas beaucoup de méchants juifs ; la police juive est présente mais n'est montrée que 7 minutes... Ce n'est même pas une question de ne pas être manichéiste, le fait de montrer des 'méchants' juifs seraient juste une analyse intelligente du comportement social en cas de répression. Mais bon, là n'était pas le sujet que voulait raconter Roman Polanski.
Question mise en scène, Popol a de l'expérience, il est audacieux, et il maîtrise son boulot. Sa caméra est ainsi souvent bien mise et son découpage aussi simple qu'intelligemment efficace. Je pense que ce qui m'a le plus plu, c'est le point de vue en hauteur (celui du héros caché dans un immeuble) pour filmer les confrontations qui ont lieu dans la rue. Ca fait un peu jeu vidéo, ou tout simplement voyeur. J'ai beaucoup aimé.
Question montage, ça aurait pu être plus court. la première heure passe très bien, mais la seconde est plus difficilement digérable. Comme je l'ai dit plus haut, je pense que c'est à cause de faiblesses scénaristiques ; si l'on s'ennuie c'est aprce qu'il ne se passe plus rien de vraiment intéressant dramaturgiquement parlant. Et il faut attendre l'arrivée de l'allemand pour jubiler à nouveau. D'ailleurs c'est bien simple, les fondus au noir sont plus nombreux dans la deuxième moitié (je déteste cet artifice de montage qui fout le plus souvent en l'air le rythme d'un film).
Enfin on peut saluer la performance d'Adrien Brody pour le rôle de sa vie (impressionnant de voir le nombre de séries B voir Z qu'il a tournées depuis). Il donne vraiment vie à son personnage. Déjà qu'il a la gueule de l'emploi!
Bref, le pianiste est un divertissement agréable, mais qui souffre d'un vide scénaristique dans sa seconde partie. Je pense également qu'un peu plus de couilles et d'humour n'auraient pas fait de mal au film.
Je terminerai enfin sur une petite boutade :
Vous savez qui a inventé les baggy? Les juifs.
Ha j'oubliais une toute dernière chose, après ça j'arrête, c'est promi. Je pense qu'on devrait en faire une parodie de ce film, sauf qu'au lieu du pianiste, il faudrait un autre métier, ou à la limite un autre instrument moins élégant. J'avais pensé à un plombier je pense que ça aurait pu donner des scènes très drôles à la fin avec l'allemand...