Un jeune homme, fraîchement diplômé, rentre dans son village natale, parmi sa famille pour prendre du recul, se ressourcer et tenter - vainement - de récolter des fonds nécessaires pour financer la publication de son premier roman. Apathique, Sinan déambule parmi les ruelles et les champs, croisent des anciennes connaissances, fuit son père instituteur qui dilapide l'argent familial pour des paris hippiques, et se perd dans des conversations sans fin sur la vanité de la culture, de la religion et de la vie.
Le Poirier sauvage s'inscrit ainsi dans la droite lignée du précédent film de Nuri Bilge Ceylan, Wintersleep, avec ses plans magnifiques sur la nature sauvage, presque hostile de la Turquie, son protagoniste profondément misanthrope, ses ponctuations de musique classique et ses longs - très longs - dialogues sur le sens de l'existence.
Le film n'est pas dénué de moments de grâce - à l'image de ce superbe dialogue sous un poirier sauvage entre Sinan et un amour d'enfance sur le point de s'enfermer dans un mariage de raison.
Mais, tout comme Wintersleep, Le Poirier sauvage se perd dans sa misanthropie, dans ses dialogues sans réel intérêt, dans son protagoniste désespérément antipathique. Malgré une fin absolument superbe, le dernier long-métrage de Nuri Bilge Ceylan laisse un goût d'amertume, sans aucun doute recherché, qui nous fait regretter la douce justesse d'Uzak ou de Nuage de mai.