Je dois bien reconnaître que j'ai été surpris par le fort aspect anti-communiste et patriotique du film sachant qu'après avoir fait quelques recherches, je me suis rendu compte que les traducteurs ont remplacé tout ce qui touchait au communisme, par la drogue, d'où le titre qui n'a finalement rien à voir...


Tout cela laisse forcément quelque peu songeur, mais franchement ça ne m'a aucunement empêché d'apprécier l'œuvre à sa juste valeur, surtout que dès le début ça en devient fort intéressant. Suivre Skip, un jeune voleur qui n'a pas conscience de ce qu'il a volé, et les diverses embrouilles dans lesquelles il va se mêler, est très vite passionnant, déjà grâce à un formidable Richard Widmark (comme à son habitude, il habite son personnage et est en tout point remarquable), auquel on a envie de s'attacher, puis à une maitrise du sujet et de la caméra de Samuel Fuller.


Ce dernier se concentre surtout sur les personnages, l'avancement de l'intrigue et l'atmosphère noire qu'il met peu à peu en place. Il met en scène une intéressante et intrigante galerie de personnages où l'on trouve un pickpocket qui va vouloir profiter de la situation, des flics et des gangsters cherchant à récupérer ce qu'il a volé et cette femme (campée par une Jean Peters aussi authentique que touchante) qui va peu à peu s'attacher à lui. Des personnages bien écrits et c'est un vrai plaisir que de les suivre.


Fuller met en place un vrai jeu de manipulation où ils vont s'entrecroiser pour le meilleur et pour le pire, et, faire oublier un scénario contenant quelques grosses ficelles parfois un peu trop maladroites. Tous les personnages sont plus ou moins sombres et complexes et ça, le futur metteur en scène de Shock Corridor le retranscrit bien, notamment par le prisme d'une ambiance mystérieuse et nocturne adéquate. Il arrive aussi à inclure de l'émotion dans son récit, notamment due à l'évolution de la relation entre les deux protagonistes tandis qu'il capte parfaitement la ville de New York et ses petits malfrats, à l'image de cette géniale scène d'ouverture dans le métro.


Un film noir au fond politique douteux mais finalement peu exploité, servant juste d'intrigue et Samuel Fuller met en scène une galerie de personnages louches et sombres dont on suit les errements dans une ambiance
nocturne.

Docteur_Jivago
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le 9 juin 2016

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Docteur_Jivago

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