Emile Beaufort, ancien président du Conseil, s'est retiré de la scène politique. Il apprend que Philippe Chalamont, son ancien chef de cabinet, un politicien sans scrupule, brigue la présidence du Conseil. Simenon, pour l'argument initial, Audiard au dialogue, Verneuil à la mise en scène et Gabin devant la caméra, c'est du lourd. Omniprésent, puissant, plus charismatique que jamais, l'acteur est idéal pour incarner un politicien de la 3ème République honnête (?), visionnaire et un brin démagogique. Sa performance est majuscule face à un Bernard Blier tout aussi remarquable, notamment dans un dernier face à face d'anthologie ou dans des séances houleuses à l'Assemblée. La langue d'Audiard, exempte d'argot, est somptueuse et moelleuses dans la bouche de Gabin. La réalisation de Verneuil est académique mais qu'importe, le film n'a pas vieilli dans sa description du microcosme politique à part le fait qu'on n'y trouve plus de tribun de la carure de Beaufort. Quant à la question de savoir si un politicien peut réussir en restant droit dans ses bottes et sans cynisme, la réponse n'est pas difficile à trouver.