Décidément, j’ai du mal avec les premiers films de Christopher Nolan. Après m’être presque ennuyé sur Memento, je suis désappointé avec ce Prestige.


Je ne comprends pas bien l’engouement pour ce film bâti presque exclusivement sur un tour de magie évident et fort mal camouflé par la mise en scène, mais également par le scénario qui ne tient pas debout. Bref, j’ai été même irrité par le manque de jugeote dont fait preuve l’écriture à la base même du film.


Pourtant, je suis prêt à croire qu’une mise en scène moins outrée sur les personnages joués par Christian Bale surtout aurait pu donner quelque chose de plus subtile. Ses déboires avec sa femme (Rebecca Hall), ses changements d’attitude beaucoup trop radicaux et même quand on sait le fin mot de l’histoire, l’inexplicable torture mentale que le héros s’inflige et fait subir aux êtres qu’il aime, tout cela s’accumule en défaveur de l’intégrité de l’histoire : on n’y croit pas, désolé, je n’avale pas.


Au-delà du personnage de Bale, par contre, celui de Michael Caine et encore plus celui de Hugh Jackman sont beaucoup mieux traités, plus intéressants.


Michael Caine joue le rôle du témoin, je suppose qu’il est aussi un peu celui qu’on peut identifier au public, au spectateur impuissant à comprendre ce qu’il se passe sous ses yeux. L’acteur est excellent jouant la maîtrise apparente, puis accablé par la découverte de son erreur.


Hugh Jackman est encore plus fascinant. Le traitement de son personnage est même formidable. Lui aussi connaît une évolution, mais vers la folie. Nolan montre très bien comment il se perd dans son obsession à être le maître de la magie, pour acquérir ce graal : le prestige! Étouffé par son orgueil, il nie tout ce qu’il a été par son parcours. Aussi les sacrifices qu’il a pu faire font de lui un monstre. Sa dégradation humaine est tragique. Magnifiquement rendue aussi : le comédien est épatant. Je ne suis pas particulièrement sous le charme de Hugh Jackman. Il m’a toujours plus ou moins paru au mieux correct. Mais là, oui je ne m’y attendais pas : il m’a scié!


Il n’empêche cependant pas ce sentiment de forfaiture que le dénouement a nourri en moi. La mise en scène ayant en quelque sorte révélé le truc du magicien Bale dès le début du film, j’avais espoir tout le long qu’il s’agissait d’un leurre du scénario pour mieux nous surprendre à la fin. Loupé ! Prrrfffffffllllpfffff (bruit de ballon de baudruche )
Captures et trombi

Alligator
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le 3 sept. 2018

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