Le Privé
7.6
Le Privé

Film de Robert Altman (1973)

Une bande son subtile, des ambiances qui font sourire et un acteur complètement dans son rôle, Le privé constitue un joli moment de cinéma. Première incursion personnelle dans l'univers du détective privé Philip Marlowe qui se révèle être une jolie découverte. On y oscille joyeusement entre franche rigolade et intérêt vivace pour le côté très pittoresque de celui qui monopolise l'écran à coup de punchline bien senties, la clope au bec. Il est bien là l'intérêt de ce privé, dans l'aisance avec laquelle Elliott Gould enfile son costume de détective apathique. On est dans la caricature certes, mais c'est fait avec un naturel qui nous fait accepter même la plus ridicule des situations.

On pourra regretter, par contre, le côté convenu de l'histoire, dont on devine aisément l'ultime dénouement. En effet, même s'il est évident que l'histoire de faux semblants se jouant à l'écran n'est pas la principale préoccupation d'Altman, un peu plus d'ambition dans l'écriture aurait peut être permis à la fin d'être plus percutante. En l'état, expédiée en 2 minutes, elle ne fait pas grand effet alors qu'elle est le seul moment où Marlowe ôtera sa nonchalance pour passer à l'action.

Avec le privé, Altman est dans l'étude de caractère et n'en sort jamais. Il soigne ses personnages et leurs dialogues, notamment ceux de son détective qui font mouche à diverses reprises. Il parvient également à mettre sur pied de jolies ambiances, souvent très pittoresques. De l'appartement de Marlowe à cette villa en bord de mer où l'intrigue se dénouera, le cinéaste prend soin de ses cadres. Pour cela, il met volontairement de côté le mystère qui a mis tout le monde en marche, et assume totalement l'orientation de son film. Pour lui, le semblant d'enquête n'est qu'un prétexte à dépeindre un monde singulier. Ainsi, les séquences qui pourraient être à l'origine d'un quelconque mouvement sont rapidement écourtées quand elles ne virent pas immédiatement à l'humour parfois potache (le parrain mafieux en est un bon exemple).

Cela pourra gêner ceux qui espéraient du film un petit soupçon de suspens et n'ont pu se contenter des déambulations amusantes de l'excellent Elliott Gould. Pour ma part, je suis un peu à cheval entre les deux états d'esprit. J'ai beaucoup apprécié l'apathie qui caractérise le film ainsi que son humour très présent. Mais j'ai partiellement été déçu également, de la fin notamment qui aurait pu, à mon sens, être amenée un peu plus subtilement. Rien de bien grave, la séance fut très agréable et attise ma curiosité: je me pencherai en effet probablement rapidement sur la filmographie d'Altman ainsi que sur les autres adaptations cinématographiques ayant mis en scène le délicieux personnage de Philip Marlowe.
oso
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le 24 juin 2014

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oso

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