Le Privé
7.6
Le Privé

Film de Robert Altman (1973)

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♫ There's a long goodbye, and it happens everyday ♫

Il y a presque un an jour pour jour, je comparais un film relativement contemporain à celui-ci, La Party de Blake Edwards à du jazz, pétillant, mélancolique, dégustatif, avec ce souffle de fin de soirée, ce souffle lancinant, désabusé... Ici, c'est un peu pareil, mais on passe à la cadence supérieure, au Bebop jazz, plus rapide, plus obscur aussi, dont la définition donnée par Louis Armstrong est la suivante : «Ce sont des accords bizarres qui ne veulent rien dire. On ne retient pas les mélodies et on ne peut pas danser dessus.»


Et Le Privé, c'est un peu ça : un film policier bizarre, une intrigue entretenue de manière légère qui peut laisser dubitatif, un scénario où on voit difficilement où le cinéaste veut en venir.


Mais ce n'est pas pour son scénario que Le Privé est un film génial. Le film est exquis parce qu'il est de ceux qui s'imprègnent le mieux de l'âme des années soixante-dix et le bouleversement sociétal que cette décennie constitue, dans son ambiance, dans le rapport qu'entretient le détective avec ses voisines, dans sa photographie, la chaleur ardente qui s'empare de chaque plan, la sensation que tout soit le fruit d'une longue gueule de bois.
Le film est vraiment charmant, à l'instar de son personnage principal, détective paumé encore coincé dans les années 40, incarné par un Eliott Gould absolument exquis et d'une classe totale, avec sa manière d'allumer ses clopes, avec sa voix de crooner et son allure so cool, qui fait presque à lui seul de ce film un chef d'oeuvre. Assurément l'une des plus belles prestations du cinéma.


On rajoute à cela une verve cinglante à tout instant, une dérision des plus drôles, une flopée de seconds couteaux délirants, une ouverture grandiose et jouissive de 15 minutes où Marlowe peine à nourrir son chat (et nous captive dès la première minute) et à comprendre ses voisines délurées, et bien entendu la musique extra, et on obtient un film fou, exceptionnel, qui brise les codes avec détachement, et où on ressort avec la même dégaine décomplexée que l'anti-héros, en proie à un véritable bonheur.

MrOrange
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le 5 août 2015

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MrOrange

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