Ô que j’aime ce film…


Emily Blunt est tout simplement sublime dans cette nouvelle version de Mary Poppins, presque aussi remarquable que l’inimitable Julie Andrews. Avec elle le caractère de Mary Poppins se voit se transformer avec subtilité, avec un petit brin de suffisance plus perceptible qu'auparavant, ce qui ne retire rien au charme indémodable de la nounou, qui est toujours aussi irrésistible.


Si mon amour pour ce film est inconditionnel, j’avoue que je regrette vraiment cet aspect copié collé de l’œuvre originale, tant dans le rythme, que dans l’ambiance développé des tableaux. En effet, tout ici nous ramène à l’œuvre originale, et alors que les fans attendaient une véritable suite, Disney nous propose un retour qui s’apparente sur la forme à ce qui nous évoquerait davantage un remake.


Quoi qu’il en soit, l’œuvre est géniale, qu’on l’aborde d’une manière isolée ou en tant que suite, la magie opère merveilleusement bien, et c’est ce qui compte pour moi. J’adore tous les tableaux, et il n’y en a pas un seul qui m’ennuie. La trame principale du scénario et le cadre spatial et temporel sont aussi très soignés. La musique et les chansons n’égalent pas celles du grand classique, mais sont tout à fait honorables. L’ambiance music-hall et comédie musicale est enchanteurs. J’adore les couleurs et les décors, les arrières plans peints à la main du premier film laissent la place à des techniques modernes qui parviennent tout de même l’exploit de préserver l’âme nostalgique du chef d’œuvre.


Une séquence indispensable nous plonge dans un monde animé et la bonne idée de ce film est d’avoir reproduit une animation traditionnelle, même si je crois que la 3D a été évoquée par la production, je pense que le résultat obtenu justifie de la bonne décision. Pour les amoureux de l'animation traditionnelle (c'est mon cas), la séquence est inespérée. Pour couronner le tout, elle est sublime. J'aimerais que cela éveille quelques idées aux studios Disney, et qu'ils envisagent de nouvelles oeuvres d'animation à l'ancienne, et renouveler l'expérience de "La Princesse et la Grenouille".


J’aurais tellement aimé attribuer dix étoiles à ce film, mais malheureusement certains détails m’ennuient tout de même. Déjà, pour commencer, même si le résultat me satisfait amplement, je me demande s’il n’aurait pas mieux valu modifier quelques petits détails dans le contexte familial. L’intrigue du rassemblement familiale entre Michael et Jane afin de sauver la maison est bienvenue, mais j’aurais préféré que Jane soit mariée et qu’elle ait ses propres enfants, ainsi on aurait pu imaginer que les trois bambins soient dispatchés entre les deux familles, et qu’ils vivent cette aventure entre cousins et cousines. Par ailleurs, on peut se demander où sont passé les grands-parents, George et Winifred Banks, si cette dernière me parait plutôt dispensable, l’absence de George Banks me dérange un peu plus. Les auteurs auraient dû l’envisager dans le scénario, il aurait pu par exemple devenir un vieux pépé un peu sénile et drôle malgré lui. Il aurait même pu être la personne qui invite Michael à renouer avec son âme d’enfant, afin de créer une magnifique boucle avec le contexte du premier film. Ça aurait été merveilleux. Aussi, le personnage de Jack, l’allumeur de réverbères, est très intéressant, mais malheureusement on admet trop facilement qu’il est une substitution au personnage haut en couleur de Bert. C’est un peu absurde lorsqu’on les compare, et je crois qu’un personnage diamétralement opposé aurait été un choix plus judicieux. Ainsi Jack aurait pu être une femme, une vieille personne, un agent de police, ou n’importe qui d’autre pourvut qu’il se différencie visuellement de l’acteur Dick Van Dyke.


Le schéma du film, quant à lui, ne bouscule pas le spectateur. Bien que toutes les scènes que je vais énumérer soient toutes aussi magnifiques les unes que les autres, elles nous évoquent immédiatement leur équivalent antérieur. L’entrée de Mary Poppins, prises dans un cerf-volant, est très similaire à son arrivée en parapluie. La séquence de la salle de bain est sur le contexte identique à la scène ou Jane et Michael rangent leur chambre. Il faut souligner d’ailleurs que la séquence était initialement prévue dans l’œuvre originale avant d’être retirée. Cette même scène a inspiré le voyage dans la mer dans « L’Apprentie Sorcière », avant d’être réinterprétée ici. Le passage dans le monde de porcelaine nous ramène à la ballade dans le dessin à la craie de Bert. La visite à la cousine Topsy ne manquera pas de nous rappeler la folie joyeuse de l’Oncle Albert, qui s’envole au plafond lorsqu’il rit. Le tableau des allumeurs de réverbères est une quasi-copie de celui des ramoneurs, même ambiance, même style de chorégraphie, même contexte. Nous avons même droit à une crise dans la Banque, comme dans le film de base, ainsi qu’a une deuxième berceuse mélancolique. Enfin, le dénouement est quelque peu différent, avec un pic d’action bienvenue dans cette suite. Le tableau final des ballons me fait penser à la conclusion de l’œuvre de 1964 avec la chanson « Laissons-le s’envoler », même si dans le cas présent, le tableau est beaucoup plus long et d'une certaine manière mieux abouti. En tout cas la séquence prend le temps de nous émouvoir. C’est d’ailleurs le moment que je préfère.


Effectivement, les deux films se ressemblent énormément dans leurs constructions, mais il faut tout de même reconnaitre que cette nouvelle oeuvre sait nous surprendre et surtout, encore et toujours nous émerveiller. Peut-être que la limite entre la suite et le remake est trop illisible, c’est ce que je considère comme le défaut majeur de l’œuvre, d’autant plus que les livres de Pamela L. Travers sont un nid d’idées qui ne demandait qu’à être exploité, et qui aurait permis de créer une continuité plus pertinente. Le film n’en est pas moins bourré d’idée originale et inspirante, aussi belle visuellement que poétique.


Les acteurs sont tous très bons, excepté le jeune garçon qui joue le rôle de John Banks. Tout le monde tombera d’accord sur sa piètre performance. Heureusement, les deux autres enfants sont remarquables. Emily Blunt quant à elle est magnifique, mais je l’ai déjà dit. Lin-Manuel Miranda est un simili-Bert satisfaisant et attachant (même si j’aurais préféré que son rôle soit remplacé par un autre plus original). Ben Whishaw ne m’a pas particulièrement convaincu, mais il reste juste. Le problème vient sans doute du fait qu’il ne ressemble pas du tout à l’acteur du premier film. Un constat que l’on ne peut pas reporter à Emilu Mortimer qui joue le rôle de Jane Banks, et qui a l’intelligence de reprendre des attitudes et des mimiques de l’ancienne actrice. D’ailleurs, Karen Doctrice, la Jane Banks initiale fait une apparition appréciée en tant que caméo. Tout comme Dick Van Dick qui reprend son second rôle de l’œuvre originale (eh oui, il avait deux rôles dans le même film), celui du vieux banquier Dawes Jr. Un moment que les fans apprécieront tout particulièrement. Meryl Streep est la surprise du casting, elle interprète la cousine délurée de Mary Poppins, un vrai bonheur. J’adore ce personnage. Enfin, comment ne pas évoquer Angela Lansbury (l’apprentie sorcière des studios Disney) qui vient ici nous faire un joli clin d’œil dans une performance authentique et pleine de douceurs, dans un costume de vendeuse de ballons, et dans ce qui est pour moi le moment de grâce de cette œuvre sublime.


Il y a tellement de choses que j’aurais aimées ajoutées à propos de ce film, tellement je l’aime, mais ma critique étant déjà suffisamment longue, je finirais en vous poussant à le regarder si ce n'et pas déjà fait. Vous avez peut-être peur que cette suite ternisse le souvenir que vous avez de l’œuvre de 1964, alors abordez-la comme un hommage, ou encore mieux, comme une œuvre parallèle. En ce qui me concerne, j’ai su l’apprécier comme une renaissance.


https://www.cineanimation.fr/

Casse-Bonbon

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