Une pantalonnade rythmée mais quelque peu périmée au scénario trop poussif et improbable.

Laurent Tirard refait de nouveau équipe avec Jean Dujardin après « Un homme à la hauteur », une comédie romantique originale et réussie qui n’avait pas rencontré le succès escompté en salles. Cette fois le duo nous plonge dans le film d’époque pur jus pour une comédie comme on n’en fait plus que très rarement, entre marivaudage et vaudeville. On a donc droit aux portes qui claquent avec une nette inspiration du théâtre de boulevard. Belle idée que celle-ci surtout avec un Dujardin en grande forme dans un rôle qui lui va comme un gant et à qui l’on associe une Mélanie Laurent qui fait ses premiers pas dans le domaine de l’humour. D’ailleurs, si au début on ne la sent pas véritablement à l’aise, plus les minutes passent et plus finalement le duo fonctionne à merveille et l’actrice prend son envol avec naturel dans ce registre pas évident.

Cependant, on n’est pas vraiment conquis ni convaincu par cet essai improbable tant les ressorts du scénario sont énormes. On peut accepter une ou deux coïncidences dans un film, valider un retournement de situation qui tombe à pic et consentir à quelques grosses ficelles et passages improbables mais « Le retour du héros » enfile tout cela comme des perles avec une régularité métronomique qui confine à la provocation envers la tolérance du spectateur. C’est pour cela qu’au bout d’un moment ces atermoiements amoureux ne nous intéressent plus et virent à la pantalonnade excessive. De plus, le metteur en scène est à la limite de confondre ici rythme et précipitation. Il faut avouer que l’on ne s’ennuie pas une seconde, c’est une bonne chose, mais que tout s’enchaîne à une vitesse qui ne laisse pas une minute de répit au spectateur.

Laurent Tirard parvient néanmoins à rendre son film plus contemporain avec quelques saillies bien trouvées (l’arnaque pyramidale en référence à la crise bancaire récente) ; il réussit également à s’extraire du côté théâtral de son scénario avec une mise en scène moderne et vivante. Cependant, on a tout de même souvent l’impression de regarder une pièce de la grande époque du café-théâtre, jolis costumes et décors en plus. Et si l’impression n’est pas toujours des plus désagréables, « Le retour du héros » semble être un film d’une autre époque. Un long-métrage comme on en faisait à la pelle dans les années 80 et 90. Un aspect daté et suranné (voire périmé) assez étrange dans le paysage cinématographique actuel. Enfin, si l’on sourit souvent, on ne rit jamais ce qui s’avère dommage pour une comédie d’un tel acabit. Pourtant les occasions (et les volontés de l’équipe) ne manquent pas. Une comédie où l’on n’a pas vraiment de gags à se rappeler à la fin de la séance est rarement signe de grande réussite.

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