J’ai un rapport particulier avec Guy Ritchie car ça doit être un des rares réalisateurs pour lequel j’ai réellement vu l’intégralité de la filmographie, à l’exception de A la Dérive (qui a obtenu 5 Razzie awards). Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas pour tout le monde : son montage rapide et le traitement moderne d’œuvre dans un contexte plus ancien comme Sherlock Holmes en aura refroidi plus d’un(e). Ce qui est indéniable c’est son écriture aux petits oignons bourrée de jargon londonien, des subplots entremêlées qui se résolvent dans une conclusion jouissive, et une réalisation très vivante inspirée de Quentin Tarantino, le tout agrémenté d’une belle sauce British (il est d’ailleurs, je pense, une bonne inspiration pour Kingsman). En plus le mec sait bien s’entourer, après nous avoir fait découvrir Vinnie Jones, Jason Statham et un Benicio del Toro encore maigre, il a quand même tourné avec Brad Pitt, Robert Downey Junior, Alicia Vikander et à présent Jude Law. Pour donner une idée du registre du film et du type de réalisation je regarderai cette bande-annonce qui a le mérite d’utiliser la BO du film.


Une formule louable


Il pousse la formule encore plus loin que Sherlock Holmes en adaptant encore une histoire célèbre en mêlant comédie et divertissement épique avec néanmoins des personnages badass et un scénario sérieux (un point souvent délaissé par les blockbusters ou parodies de ces derniers devenus presque indiscernables). En tout cas la formule est louable, le but n’est pas de démystifier une légende mais de réactualiser un message ou d’apporter un nouveau ton sur une histoire sans que celui-ci ne soit nécessairement parodique ou tourné en ridicule et je suis reconnaissant de ses Sherlock Holmes. Toutefois la formule démontre ici ses limites :


Mais qui convaincra peu de monde


Même en étant fan du travail du monsieur, j’ai eu du mal dés le début du film. Tout d’abord on est en 3D parce que le marché dicte ça et que comme il a de plus en plus de moyens, ses films ont de plus en plus d’ambition. Et c’est à double tranchant car on arrive à une situation d’incompatibilité. Les premiers montages rapides censés nous apporter le background sur Arthur sont sympathiques mais confus et gâchés par la 3D. En revanche les séances d’entrainement et de combat bourrées de CGI sont magnifiques et en demandent plus. Le numérique et la 3D vont hyper bien ensemble dans ce film et ce qui me dégoûtait au début est ce qui m’a le plus plu vers la fin. En fait je pense vraiment qu’un film en 3D avec des scènes essentiellement numériques doit profiter des 48 ips et limiter au maximum les coupures. C’est purement personnel mais c’est vraiment ce que je dégage depuis mes visionnages en salle depuis 2012 (l’arrivée de la 3D active) avec des films comme The Hobbit, puis Gravity ou encore Man of Steel et Batman v Superman : Dawn of Justice.


J’aurai jamais pensé que ce film sortirait en 3D pourtant elle est correcte et les effets spéciaux sont géniaux. Profitant également de la Dolby Atmos, les scènes de combats étaient relativement impressionnantes. A cela s’ajoute la musique de Daniel Pemberton très engageante. Mais Guy Ritchie veut avant-tout s’exprimer dans les subtilités de l’histoire et des personnages et on n’en profite pas ici, perdu dans la bouillie numérique assez sombre et au final assez fade dans la première partie. En définitive, ce qui gâche le film (par rapport à Sherlock Holmes beaucoup plus lisible) est aussi ce qui le rend sympathique car c’est curieusement hyper bien maîtrisé. Peut-être que la prochaine tentative donnera de meilleurs résultats ? A priori, depuis Mad Max : Fury Road, on revient à cette mode de blockbusters assumés qui sont, ni complètement dark, ni complètement kitchs à souhait.


Malheureusement ce n’est pas assez, on peine à ressentir quoique ce soit pour les personnages, le charisme de Jude Law n’est pas spécialement intéressant, les éléments narratifs sont globalement assez confus et même si les différentes techniques de réalisation sont maîtrisées, le mélange ne fonctionne pas bien. C’est pas mauvais, clairement, mais je conçois que ça soit plus difficile à regarder que ses Sherlock Holmes et que ça doit faire une nouvelle surprise pour ceux qui ne savent pas à quoi s’attendre.

Créée

le 16 août 2017

Critique lue 94 fois

Magemo

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