Selon la légende ce film aurait été écrit en réaction aux attentats du 13 novembre 2015,
"The show must go on" aurait pu être de la bande-son, toujours aussi soignée, de nos petits français "intouchables" depuis l'an de grâce 2011.
A défaut d'un sens plus profond que celui annoncé, les partis pris ne se cachent pas, ils se comptent même à la pelle en une joyeuse ambition de tout concilier. Commençons par le plus simple, se la jouer film-chorale description d'une communauté dont je croyais sincèrement que l' émergence des séries avait tué l'intérêt.
Le choix ensuite de se focaliser sur le personnel ordinairement dans l'ombre, qui concourt la réussite d'un mariage "à la française", avec château d'avant l' électricité au splendide jardin "à la française",moment poésie "so frenchy" ( faut bien varier un peu ) sans compter le comique de répétition parfois bien lourd ( question de dosage) et je ne parle pas de la bonne daube parfois qu'est ce film, simplement parce qu'un connard a débranché le camion réfrigéré pour se raser, les rouflaquettes en plus...
Les personnages sont hélas ce qu'il paraissent être, jusqu'au bout.
Des caricatures que les situations ne contribueront pas à révéler à eux-mêmes, ou à nous pauvres spectateurs, avides de Comédie humaine. le duo a tout sacrifié à la mécanique, malgré la chaleureuse tendresse dont ils sont capables par ailleurs. ( Vincent Macaigne obligé de joué un pantin pathétique de luxe en est le cruel exemple ).
Elle est rodée la mécanique du rire, bien qu'un peu ralentie par ces quiproquos issu de la tradition boulevardière, servis façon feuilleté aux anchois, histoire de faire patienter le spectateur avant le final d'anthologie. L'esprit français est avarié par un goût douteux de la punchline.
La baise de mariage en mode 2.0 est plus convaincante, grâce en soit rendu aux acteurs s'étant dévoués à cette figure imposée. L'image du marié envolé loin, solitaire, pas assez exploitée, avait le potentiel de marquer les esprits, de faire décoller cette comédie vers un autre horizon.


Bacri, au risque de vampiriser le film, s'est débattu comme un beau diable pour le tirer vers le haut, et la couverture à soi?
Je me réfère à son entrevue magistrale avec Yann Barthès ( qu'il a déstabilisé avec gourmandise ) où il raconte son apport sur les dialogues, donnant de la tenue, du tonus, et un brin de fond social(? ) bien que je ne sois pas certain de ce dernier point, tant le plaidoyer ( convaincant) du petit patron renvoie inévitablement à la petite entreprise de nos artisans du cinéma Nakache/Tolédano.
Le sens du travail serait donc le fil rouge de cette histoire. Le sujet n'en reste qu'effleuré, tant les gags dispensables prennent le dessus. Surnage malgré tout l' abattage d'Eye Haïdara, la belle trouvaille, Bacri lui rend également un vibrant hommage dans l'entrevue précédemment cité, et le métier de nos deux compères, usant de leur ficelle habituelle ( la musique pour ressouder une communauté )afin de rendre agréable le moment.


Ce n'est que vers la fin que pointe le bout de son nez un sens plus profond, il se fait jour, ou plutôt fin de nuit/ petit matin, à notre grande surprise presque, comme s'il avait été trouvé en cours de route ou n'aurait pas assez irrigué l' ensemble, alourdi du surplus de gags ( dans un avion c'est la surtaxe assurée ). Le décollage susmentionné est trop timide non, c'était un leurre, un pétard mouillé de notre duo d'artisans soignant leur ouvrage, manque cette pulsion d'envoyer tout bouler qu'on appelle de l' Art? Cette fête qui aurait pu dérailler façon The Party de Blake Edwards ou Playtime de J Tati, deux références en la matière.


La morale de cette histoire est-elle dans le discours du patron, est-elle dans les mains de ses employés qui se surpassent enfin, pour lui, pour eux, pour donner un sens à leur travail ? Nakache/Tolédano se permette ce petit moment final suspendu, d'une sobriété réjouissante, qui sauve le film de sa petite médiocrité ventrale.


Film-chorale j' y reviens, c'était un leurre en fait, une histoire de mise en abyme,un hommage à la profession des artisans du cinéma, le petit personnel invisible que nous chefs d'oeuvre devons diriger, un hommage à Bacri assurément, merci Monsieur de ne pas passer la main, la jeune génération n'est pas encore prête.


Du bon travail quoi. ( pour répondre à la question )


6,5/10.

PhyleasFogg
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le 7 oct. 2017

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