Je crois que j'ai décidément du mal avec les films de Jacques Deray. C'est un cinéaste qui est loin d'être incompétent mais qui ne parvient pas à me toucher avec ses films.
Si techniquement je n'ai pas grand chose à reprocher au Solitaire qui n'est pas foncièrement mal filmé ou monté, et malgré la musique plutôt jolie quand Deray ne se contente pas de mettre le même tube en boucle dans le film (même dans la voiture Belmondo entend exactement la même chose que dans la discothèque c'est abusé), c'est très mal rythmé.
Pendant tout le film je me suis demandé quand c'était censé évoluer, exploser. Toute l'exposition est laborieuse car on comprend tout très vite, il n'y a pas de surexplication en soi, mais nos personnages font du surplace. Comme si c'était un passage obligé on donne des "conquêtes" au commissaire Stan, enfin en l’occurrence plus de jolies amies puisque contrairement à la majorité des films pour lesquels le grand public connait Belmondo il ne couche avec personne. C'est forcé et creux, ça sert juste à booster artificiellement l'intérêt qu'on peut porter au gosse dans le film, qui ne sert de toute façon pas à grand chose puisqu'il n'est jamais en danger et ne remet jamais en cause le personnage de Belmondo. On pouvait pourtant développer quelque chose après tout, un gamin confié à son parrain qui était le collègue flic de son père mort parce qu'il fugue de sa pension, je m'attendais à ce que ça fasse un peu d'étincelles. Mais non.
Ensuite on en vient au problème habituel rencontré avec Belmondo qui joue un flic depuis la fin des années 70 : ça ne colle pas. Il est écrit comme ses autres rôles où il joue un voleur ou un type qui sort de prison, en tant que policier ça ne fait pas sens. Surtout que Belmondo c'est systématiquement le flic qui n'a pas les mêmes méthodes que ses collègues puisqu'il rentre dans le tas et se fout un peu de ce que son métier lui donne le droit de faire ou pas, mais qui est quand même apprécié puisqu'il sauve le cul de tout le monde à chaque fois.
Enfin le souci vient aussi du méchant... A la fois trop présent (je crois que Schneider est le nom le plus prononcé du film) et pas assez présent dans l'intrigue. Il est au centre de tout mais pas là souvent, ne se cache pas tant que ça, le personnage de Belmondo le cherche tout le long du film, mais on ne connait pas bien ses motivations, son but. Il semble s'en taper complètement de se faire coffrer, tout ça se termine en eau de boudin, sans conséquence.
C'est clairement pas le meilleur film avec Belmondo à l'affiche, et ce n'est pas le plus agréable à regarder même en plaisir coupable (préférez les films de Georges Lautner).