C'est incroyable la capacité qu'on les japonais(es) à faire des voix d'enfants, voire des voix d'enfants malheureux. Cela se ressent au niveau des dessins animés où les enfants nous arrachent de grosses larmes à la moindre lamentation, mais cela se ressent aussi et surtout dans les porno, lorsqu'une 'lycéenne' fait plus ample 'connaissance' avec un 'membre de sa famille' et là ça fait moins pleurer, ou en tous cas ce n'est pas par les yeux que ça coule.
"Le tombeau des lucioles", je me souviens en avoir vu des pubs quand j'étais gosse. D'ailleurs je pensais que ça datait 1995 ou 1997 à cause de ce souvenir. Le graphisme est très plaisant, surtout en ce qui concerne les décors ; les personnages sont moins animés, mais leurs positions ne sont pas assez naturelles. Ceci dit, j'adore le traditionnel dessin animé, j'aime le niveau d efluidité des images qui lui est propre, la manière de mettre en scène et tout. Il y a d'ailleurs dans ce film de très belles lumières et quelques cadrages sublimes.
Ce qui m'a déçu c'est le scénario. Il ne se passe rien. J'aime les scénarii minimalistes mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de conflits ni d'objectifs, ni de personnages. Et c'est tout ça qui m'a manqué dans ce film : les personnages sont très convenus, n'ont pas vraiment de traits de caractère ; il n'y a pas vraiment d'objectif puisque la survie en tant de guerre est un peu trop général à mon goût (au début, il y a pourtant l'idée de rejoindre ses parents qui permet de structurer un peu, mais l'objectif est trop vite atteint) ; les vrais conflits sont peu nombreux, car la plupart du temps il s'agit avant tout de misérabilisme, et le misérabilisme, c'est une sorte de conflit face auquel on ne peut rien faire, donc c'est du faux conflit. Le vrai conflit, en revanche, doit être résolvable : ça ne veut pas dire que les personnages franchiront l'obstacle avec succès, juste que le spectateur peut avoir l'impression qu'ils vont s'en sortir.
Autre fait qui m'a gêné et qui est propre à Pixar aussi, c'est la volonté de faire du sentimentalisme, de délivrer un paquet d'émotions. Tout cela me paraît forcé. Je préfère la simplicité d'un Disney à ses débuts (ou même dans les dernières années où l'on mise plus sur l'aventure) où l'on voit juste des choses se passer (je pense à "Bambi") plutôt qu'à cette malhonnêteté sentimentale ; bon, j'exagère en parlant de malhonnêteté, mais je dois dire que je ne me suis pas vraiment senti à l'aise face à ce genre de scènes (ex : la petite fille qui a préparé ses 'boulettes de riz' à la fin, ou encore ce passage où la petite fille comprend qu'elle doit économiser ses bonbons... ce sont toujours des scènes avec la petite fille d'ailleurs). Heureusement tout le film n'est pas construit de la sorte et il reste quelques passages honorables, mais comme il y a ce vide narratif qui englobe ces scènes, difficile de se laisser prendre par l'émotion.
Bref, "Le tombeau des lucioles" jouit d'une belle mise en scène mais souffre d'un scénario vide et souvent facile. Dommage. Du coup, dans le même genre (vie d'enfants durant la guerre), j'ai préféré le film de Boorman "Hope and Glory".